20 novembre 2008
 

Ecrivains - poêtes - philosophes
Page précédente




Edouard DRUMONT
CHAMPROSAY et SOISY

Drumont (1844- 1917) était un familier des Daudet et les visita à Champrosay  (1891).
N'ayons pas peur des mots .C'était un homme qui affichait sans vergogne et même avec panache ses convictions à la fois nationalistes et racistes. C'était un antisémite notoire.
Il écrivit 1886 un livre, "La France juive" qui eut un succès prodigieux, puisqu'on en dénombre 145 éditions. Il fut traduit en de nombreuses langues étrangères. Son obsession fut l'existence de nombreux juifs en France population à laquelle il attribuait l'origine de tous les maux de la terre. A la fois  antisémite, antilibéral et anticapitaliste, il était fait pour s'entendre avec Maurras et avec Léon Daudet.
- Avec Maurras qui publie sa peur des "Conspirations juives pour les civilisations occidentales-
- Avec Lucien Daudet qui s'était tourné vers l'Action Française et les pensées de Maurras.
Il fonda le journal extrémiste "La Libre Parole"
L'amitié qu'il avait pour Alphonse Daudet lui fit , le temps des obséques effacer toute sa haine  contre le libéralisme de gauche, puisqu'on au convoi mortuaire de l'auteur des lettres de mon moulin,(1897) , on vit côte à côte marcher Drumont et Zola, entre Sainte Clotilde et le Père la Chaise.
Bien entendu il fut anti-dreyfusard convaincu et notoire au moment de "l'Affaire",! Mais emporté par la passion il écrivait des pamphlets parfois outranciers et à l'extrême limite de la vérité.



FRANCOIS COPPEE
1842- 1908 (MANDRES et MONTGERON)

Né à Paris en 1842? Il fit une modeste carrière d'employé au ministère de la guerre. Il eut le temps de se consacrer à sa passion pour la poésie et le théâtre.
Il a certainement influencé par les poètes de la période précédente comme Lecomte de l'Ile. C'est pourquoi il est classé parmi les poètes parnassiens pour certains poèmes en vers comme "Le Reliquaire" (1866).
Madame Laurent l'attire dans son salon ; il est l'ami de R, de Montesquiou, par contre il n'est guère estimé de Mallarmé. Il est tout de même classé  par certains critiques dans la lignée des Symbolistes.
Il change de genre et abandonne les hauteurs du Parnasse pour se consacrer aux " petites gens" .Le ton de ses œuvres est bien plus réaliste et des moqueries de certains de ses confrères saluent parfois ses revirements.
Après une grave maladie, il subit une sorte de crise religieuse et rejoint le catholicisme dont il s'était éloigné.
Anti-dreyfusard durant "L'affaire", il se montre assez antisémite pour qu'on lui offre la présidence de la Ligue de la "Patrie Française" où il rejoint Barrès. Mais bientôt il démissionne de ce poste.
Poète des humbles, il trouve les paroles justes, touchantes, pour décrire les petites gens. Il chante la région parisienne "avec un charme pénétrant".
"La grève des Forgerons" est un poème presque populiste, à la fois percutant et tendre. Il publie en 1902 "Contes pour les jours de fête."
Depuis 1891 il habitait avec sa sœur une aimable propriété située à Mandres et dénommée "La Frayzière" Mais ils la quittent en 1897.
Un journal de Brunoy du 30 juin 1901 signale :"Coppée n'abandonne pas les paysages de la vallée de l'Yerres. Il se propose de passer l'été dans l'intéressant Moulin de Senlis transformé depuis longtemps par M. Esnault en un véritable séjour enchanteur".(C'était un lieu propice aux rencontres entre des artistes et des intellectuels, poètes ou écrivains. Notons aussi qu'il n'y a pas long chemin entre Mandres et Champrosay et qu le poète fut l'hôte de la famille Daudet.



PIERRE  LARROUSSE
1817 - 1875  A Yerres de 1863 à 1875.

Ses parents, artisans, étaient de milieu modeste. Il naquit à Toucy dans l'Yonne en 1817.
Dès son enfance, il manifesta un véritable goût pour la lecture et fut un excellent élève des classes primaires, si bien qu'à seize ans il obtient une bourse pour continuer ses études. Il entra à la suite d'un concours exigeant à l'Ecole Normale d'instituteurs de Versailles (Boulevard de Lesseps) dont il sortit muni du Brevet Supérieur de capacité à l'Enseignement.. A vingt ans on le voit à la tête d' une école Primaire Supérieure.
Il publie le "Lexicologue des Ecoles" qui propose des méthodes nouvelles pour enseigner la grammaire, et plus tard "L'Ecole Normale", une revue destinée aux membres de l'enseignement.
De 1848 à 1851 on le voit répétiteur, puis il fonde avec Lucien Boyer la Librairie d'Education Classique".
Dès 1866, il s'attaque à la rédaction de "GRAND DICTIONNAIRE UNIVERSEL DU XIXème SIECLE"
Il réside à Yerres, à Concy plus exactement, sur le chemin de la gare de Montgeron à partir de 1863.jusqu'à 1869.Il vivait avec sa compagne Suzanne, avec laquelle il se maria en 1872.-trois ans avant sa mort.
Il était déjà semi paralysé en 1871 et mourut en 1875.
C'était un républicain convaincu, à l'esprit éclairé, un homme libre et un travailleur infatigable. Son nm est universellement connu du fait de ses dictionnaires et de la société d'éditions classiques qui porte son nom.



HENRI  POLLES
BRUNOY

Descendant de cultivateurs bretons, Henri Pollès naquit en 1909 à Tréguier d'un père capitaine au long cours.
Ce n'est pas un auteur régional ; Mais il est resté très fidèle à sa province natale, parlant le Breton et chantant magnifiquement Tréguier et sa région..
Premier essai littéraire : Sophie édité par la NRF en 1932.. En 1952 il reçoit le Prix Paul Morand de l'Académie Française pour "Sur le fleuve de sang, vient parfois un beau navire. (encore la Bretagne) !
Pollès était très connu et estimé des milieux littéraires. Il avait toutefois une amitié particulière pour Marcel Arland, pour Max Jacob, et Marcel Jouhandeau ce qui classe notre auteur dans une catégorie exigeante (Voir "Le fils de l'Auteur" NRF Coll  blanche où" il traite de l'amour paternel et de l'amour filial,(…) et un de ses thèmes familiers, :le bonheur que donne l'amour, même le plus mal partagé"
Henri Pollès vécut  longtemps à Brunoy. Il habitait , solitaire, à l'extrémité de la rue des Vallées (N° 56). Ce Breton romantique avait fait de sa maison un vrai musée du livre. Il y collectionnait des éditions rares, des livres aux reliures artistiques, des manuscrits.  Beaucoup d'auteurs de ses amis lui envoyaient l'édition originale de leurs œuvres principales. Il a entretenu une correspondance suivie avec des auteurs comme Anouilh, Colette, Mauriac, Drieux La Rochelle, Louis Guilloux, Malraux, Queneau et bien sûr, les  principaux auteurs bretons comme, J Hellias ou Quéffelec..
Il s'intéressait beaucoup aux reliures et aux  chemises étuis pour les protéger. Il en dessinait parfois la maquette
Henri Pollès fit don d'une partie de ses collections à la Bibliothèque municipale de Rennes, qui régulièrement les expose suivant des thèmes divers.
Le 30 septembre 1994, notre écrivain mourut dans l'incendie de sa maison de Brunoy à 85 ans. Avec lui disparaissait un fonds important de l'histoire de la littérature. Grâce à sa famille, les documents qui purent être sauvés furent remis à la Bibliothèque de Rennes. Pour en savoir plus, Internet  : http://perso.wanadoo.fr/bibliorare



GUSTAVE LARROUMET
1852-1903 (Villecresnes)

Gustave Larroumet naquit à Gourdon dans le Lot. en 1852.
Ses études l'amenèrent d'une part au professorat de lettres, et d'autre part à publier abondamment des études d'histoire et des critiques littéraires :
- Marivaux Sa vie, son œuvre.
- Victor Hugo poète épique
- La comédie de Molière. L'auteur et le milieu  (1887)
- Racine.
- Etudes de critique et d'Art.
 - Etc
Ses articles sont très suivis. Il est bientôt professeur à la Sorbonne...1891.Puis il devient membre de l'Institut de France. .C'est devenu une référence pour ses critiques théâtrales ou littéraires. Il écrit des "Petits portraits et notes d'Art (Hachette 1900;)
Il est nommé Directeur des Beaux-Arts et devient "un personnage." Il s'intéresse à la photographie (La Photo est un précieux auxiliaire de l'Art" disait-il et pour encourager cette branche artistique, il assiste en personne aux cours de photographie de Mlle Denoyelle.
C'était un bel homme très actif dans toutes les directions de l'art et de la littérature. Avec un visage énergique et une barbichette à la mode en cette fin de siècle, nul doute qu'il fut sollicité pour servir de modèle. En fait  son buste de marbre blanc orne la Comédie Française (Galerie du Palais Royal), drapé un peu à l'antique. Le Musée des Beaux Arts d'Angers possède  un bas relief de fonte et bronze signé J.C. Chaplan (datant de 1904) qui le représente.
Ses opinions politiques et philosophiques l'amenèrent à faire partie du Grand Orient de France.
Il n'aimait guère les Frères Goncourt qui avaient écrit férocement "L'antiquité a peut-être été inventée  pour être le pain des professeurs"
La censure avait sévi lorsque les Goncourt voulurent mettre en scène une version de Germinie  Lacerteux  puis La fille Elisa .Ils durent revoir leur copie. Derrière la censure, il y avait le directeur des Beaux Arts. D'où la colère des Goncourt.  Grâce à Alphonse Daudet, qui invite à Champrosay les deux parties, la situation se dénoue. Gustave Larroumet écrit un livre "Alphonse Daudet" en 1896,qui contient des "remarques abondantes et fines" sur les deux frères
Gustave Larroumet a habité Villecresnes, mais n'y a guère laissé de souvenirs. Sa vraie vie était à Paris dans les milieux littéraires et artistiques Il s'éteignit en 1903.



FRANCIS  CARCO
1886-1958 BRUNOY

Francis Carco, (de son vrai nom civil  Carcopino) est le fils d'un père corse dont on dit dans certaines biographies qu'il fut sévère jusqu’à la brutalité. Il est né à Nouméa (Nouvelle Calédonie) le 3 juillet 1886
Il passa son adolescence en France dans plusieurs villes de province comme L'Ile Adam mais il n'y résidait pas très longtemps : Ce fut Paris qui le fascina et où il trouva matière à son envie d'écrire. Notons toutefois Villefranche de Rouergue où il écrivit  deux romans ; "A voix basse" et" Rien qu'une femme".
Il avait un grand sens de l'amitié et fut lié intimement à Roland Dorgelès, Raymond Suares, Fritz Lang, Charles Dullin, Pierre Mac Orlan.
Ses errances le conduisirent de Paris à Villefranche, à Nice …Mais il revenait toujours à Montmartre, à Montparnasse où il retrouvait la bohème qui alimentait son envie d'écrire, et qu'il décrivit si bien dans "La bohème de mon cœur" et dans "Jésus la Caille". Il côtoyait les "mauvais garçons chez qui il croyait déceler une certaine noblesse :(la pègre a ses lois qu'elle s'est imposé elle-même).
Il a écrit plus de cent livres dont beaucoup s'inspirent du milieu de Pigalle.
Notons quelques titres de sa production
- L'Homme traqué.
- Mémoires d'une autre vie.
- Bob et Bobette s'amusent.
- A voix basse.
- Panorama de la pègre.
Sur la Butte, il côtoyait des poètes, des peintres des musiciens et connut Utrillo, Max Jacob, Modigliani…Il fut illustré par le graveur sur bois Dignimont, et ses vers furent mis en musique par F. de Bourguignon (son poème "Il pleut" fut deux fois enregistré en 1920  Soprano plus orchestre et soprano plus piano.)
Bernard Morlino dans Lire, N° de Juin 2001 nous donne son sentiment sur Francis Carco  et rappelle son passé tumultueux :
- "Il fit la pluie et le beau temps à l'Académie Goncourt avec Colette, avant de s'encanailler".
- "Ses textes sont un mélange d'exubérance et de désespoir."
- "Ses merveilleuses qualités de mémorialiste l'emportent sur celles de romancier de la pègre"
Il fut édité par Albin Michel (prix littéraire) mais fut attiré par Gallimard pour écrire dans "Détective "où il se trouva en compagnie de Joseph Kessel, Pierre Mac Orlan .Paul Morand. Et dans « Marianne »  qui publiait des extraits des derniers romans de Colette ou du nouveau Carco. (On a dit que  Marianne était le "Cheval de Troie de la N.R.F.
Mais fut il parfois heureux en dehors de ses échanges d'amitié sincère avec ses amis ? Ne disait-il pas "Le cœur n'a jamais de rides ; il n'a que des cicatrices."  ?
Il s'avouait poète presque en s'excusant :"Ecrire des vers à vingt ans, c'est avoir vingt ans En écrire à quarante, c'est être un poète".
ll habita un certain temps à Brunoy où il logeait au 17 rue des Vallées.



VICTOR  CHERBULIEZ
1829 - 1899 (Combs la Ville - Fontainebleau)

On pourrait presque dire que Victor Cherbuliez était un Briard d'adoption.: Ses ancêtres s'étaient réfugiés en Suisse  au moment de la révocation de l'Edit de Nantes et prirent naturellement la nationalité suisse.
Victor Cherbuliez est né à Genève le 18 juillet 1829 dans un milieu universitaire : son père était professeur de Latin et Grec. Il commença ses études à Genève (mathématiques), puis alla à Paris pour la partie littéraire et philosophique de son cursus. Il va aussi en Allemagne (Bonn et Berlin) pour terminer ses études. Il épouse l'employée de maison de ses parents; Charlotte Rochaix (1856), et  va se faire connaître dans son pays natal   à partir de 1860 par la publication régulière de livres, jusqu'à 1898.
Parmi ses œuvres, on peut distinguer :
- Le comte Kostia 1863.
- Paul Méré 1864.
- Le roman, d'un honnête homme.1866.
- Prosper Randoce 1868.
- L' aventure de Ladislas Bolski 1869 réédité en 1879.
- La ferme du Choquart
Cette œuvre; écrite à Fontainebleau, à la maison Launoy (37 Bd des Maréchaux) "dépeint  avec esprit et gentillesse les paysans briards qu'il fréquentait".
Il se fixe à Paris en 1875.et se fait naturaliser français. Il fait un voyage en orient et en tire la célèbre "Prière sur l'Acropole"(1880).Il participe à la rédaction de la Revue des deux mondes et est reçu à l'Académie Française en 1882, accueilli par Ernest Renan. Il fait partie de la commission du Dictionnaire et reçoit la Légion d'Honneur en 1892.
Il habita à Combs la Ville ou plus exactement au hameau du Perreux , dans la Brie Profonde. C'est là qu'il mourut en 1899 ; il fut enterré dans le cimetière de Combs la Ville.
.



 

FELIX  PYAT
1810-1899 (L'Ermitage de Sénart)

Homme politique et romantique passionné, il naquit à Vierzon en 1810.Il fait des études de droit et manifeste des idées très avancées pour son époque. On l'a comparé à Edouard Vaillant.
Il se manifeste par une pièce de théâtre jouée par Frédéric Lemaître "Le chiffonnier de Paris". Et devient journaliste
Sa carrière politique débute vraiment en 1848 : Il est nommé commissaire au gouvernement provisoire du Cher, puis député à la constituante et à la Législative en 1949.Mais la droite revient au pouvoir en la personne de Louis Napoléon et il est obligé de partir en Suisse, puis en Belgique et en Angleterre. Membre d'un complot contre Napoléon III, il est condamné par contumace, à dix ans de prison.. Toujours proscrit, il adhère à l' "Internationale " de Karl Marx qui lui est hostile car il réprouve ses "effets théâtraux".
En 1868, il est amnistié et regagne la France. Mais ses activités politiques  lui valent un nouvel exil en 1869. Après la chute de l'empire, il devient représentant du département de la Seine à l'Assemblée Nationale de 1871.Puis, durant la Commune, il est membre du Comité de Salut Public. .La répression versaillaise de Galliffet est terrible .Félix Pyat est recherché. Il s'échappe de Paris et va se réfugier en Forêt de Sénart chez le photographe Nadar dont les sympathies pour les Communards étaient connues, mais dont il réprouvait les excès. Le politicien resta quelques mois à l'Ermitage, buvant la réserve de vins fin qu'avait constituée le photographe pour  les grandes occasions. Sa seule excuse fut :"Je ne bois que du bon vin ou rien du tout" ce qui montre son sans gène, son manque de reconnaissance ,et une certaine arrogance.
Recherché activement il se réfugie en Angleterre où il dirige la "Revue Britannique". En 1885, il réapparaît, grâce à l'amnistie générale, et adhère au mouvement blanquiste où il retrouve Edouard Vaillant. En 1888, il est élu député des Bouches du Rhône et restera un membre actif du mouvement ouvrier en France à la fin du XIXème siècle.
Il fut souvent contesté par ses compagnons de lutte. Même durant la commune. Son caractère outrancier y était pour quelque chose. Ses productions littéraires ou journalistiques furent qualifiées de "théâtreuses et pleines d'emphase". On le compara avec Delécluse qui lui ne se contenta pas d'écrire dans les journaux ou d'avoir une responsabilité dans la Commune : mais mourut sur les barricades !
Il fut qualifié de "Rhéteur vaniteux et sans scrupule" ce qui ne l'empêcha pas d'avoir des amis comme Jules Sandeau et même Georges Sand.
Il a écrit un nombre considérable  d'articles politiques qui occupent, dans les catalogues de la Bibliothèque Nationale, plus de huit pages.
Il est mort en 1891 et repose à Paris au "'Père Lachaise"
.



 

BERNARD  CLAVEL

Bernard Clavel a habité durant un certain temps aux Bosserons, au N° 2 de la rue Jules Ferry, dans ce qu’on considère comme l’ancienne orangerie du château qui lui fait face.
Bernard Clavel est un écrivain très proche des couches humbles de la société. Né dans la boulangerie que tenait son père à Lons-le-Saulnier en 1924, il commence sa vie très tôt comme apprenti pâtissier. Un dur apprentissage où les taloches sont plus nombreuses que les sourires encourageants. Son goût pour l’écriture et la communication lui fait poursuivre une vie à deux versants : d’un côté le travail de subsistance dans une administration puis dans un atelier de reliure ; de le l’autre la production de romans où transparaît sa personnalité vigoureuse. Ses œuvres sont vite repérées par la critique. Aussi obtient-il des prix littéraires très enviés : « L’Espagnol » lui vaut le prix  « Eugène Leroy », « La Maison des Autres » lui procure le « Grand-Prix du Roman populiste », enfin « Les fruits de l’hiver » sont couronnés par le « Prix Goncourt ». Il est même élu à l’ Académie Goncourt au siège de Jean Giono.
Il chanta le fleuve Rhône et les gens qui vivent sur ses rives, il se pencha sur la vieillesse et la solitude et publia un livre délicat plein de douceur mais réaliste à la fois« les fruits de l’hiver » et aussi « L’Espagnol » et aussi « La grande Patience ».Il séjourna longtemps au Canada dont il décrivit « le grand nord sauvage et la beauté farouche» dans «  Hurricana », dans « Royaume du Nord », dans  « Maudits Sauvages ».Il est d’ailleurs fait « Chevalier de l’ordre du Québec » en 2002.
Il a toujours été obsédé par la guerre, pacifiste  convaincu, il nous livre  sa « Lettre à un képi blanc ». A 81 ans, Bernard Clavel reste hanté par la guerre et nous donne à lire  « Les grands malheurs » (2004) où il nous livre son amour pour les plus humbles. et « La retraite aux flambeaux. »
Ma vie est à l’image de ce que j’ai créé, sans relâche pétrie d’amour et de colère, de fêtes et de tortures, dit-il, la guerre  habite ma vie depuis mon enfance
Bernard Clavel a-t-on dit, avait acheté la maison de Brunoy avec ses revenus du prix Goncourt. Il n’est pas resté très longtemps dans notre ville. La vie littéraire se passait à Paris et les trajets entre Paris et Brunoy lui faisaient perdre beaucoup de temps. Aussi acheta-t-il un pied-à-terre dans la capitale et il vendit la maison de Brunoy



 

 JEAN BROCHET (JEAN BRUCE)

L’écrivain Jean Bruce, de son vrai nom Jean Brochet, fut bien le roi du roman policier. Ses œuvres éditées aux Presses de la Cité ont absolument pulvérisé les records de l’édition. La série si connue des OSS 117 a été diffusée à 30 millions d’exemplaires en 12 ans(1957)  . Dix ans plus tard 1967, il en était à 55 millions.
Né en 1881, il avait donné à son éditeur lorsqu’il mourut (1963) 87 titres de romans dont la série des OSS 117 qui furent l’objet  de scénarios   de films d’ aventure.
La diversité de ses productions toutes basées sur des évènements réels ou sur des observations nombreuses, révèle une vie très mouvementée.. Selon un auteur qui l’a connu, il fut , successivement après avoir terminé ses études secondaires « pilote à 17 ans, employé de mairie, acteur dans une troupe ambulante, impresario, agent d’un réseau de renseignement, inspecteur à la sûreté, joaillier, secrétaire d’ un Maharadjah… »  (Brunoy-Pratique.free .fr) . Il s’adonna à la peinture et  fit le tour du monde. Il se tua  après une vie bien remplie, à bord de sa Jaguar.
Son épouse continua l’œuvre de son mari. En 1966, sous le nom de Josette Bruce, elle avait fait paraître six titres chez le même éditeur, « qui ne décevaient pas les habitués fidèles de la collection »
Le couple Bruce habitait au N° 47  rue Tronchard, une maison modeste mais bien équilibrée, construite en meulière, en retrait de la rue avec des arbres bien taillés et une grille surmontant un mur-bahut lui aussi en meulière.



 

FERDINAND HOEFER

 En 1857, vint habiter rue des Grès au N° 27, une  personnalité universellement connue. Il s’agit de Ferdinand Hoefer, né en Thuringe (Allemagne) en 1811. Après des études de théologie  et de plusieurs langues mortes et modernes en Allemagne, il gagna la France  pour professer le grec, le latin, l’allemand, l’anglais et l’italien., tout en suivant les cours de la Sorbonne.. C’est dire sa capacité de travail ! Il fait une traduction très difficile en Français de « La Critique de la Raison pure  » de Kant. Son travail est tellement apprécié qu’il est désormais considéré comme un philosophe confirmé. Il suit aussi les cours de la Faculté de Médecine. Très estimé par ses condisciples, il est considéré comme l’un des personnages les plus cultivés de son époque.
 Envoyé pour une mission d’études en Allemagne pendant trois ans par le gouvernement français, il reçoit pour ses rapports la Légion d’Honneur et il est l’objet d’une grande considération. Les établissements Firmin Didot le sollicitent pour prendre la direction de l’énorme «  Biographie Universelle » en 46 volumes. Quant aux éditions Hachette, elles lui proposent de rédiger une partie de l’ « Histoire Universelle » en ce qui concerne les sciences.
 « Durant 21 ans il séjourne à Brunoy dans cette rue des Grès qui, en cette fin du XIXème siècle avait encore son aspect rural, avec ses cours communes, des fermes dans les environs, et la forêt toute proche, au point qu’à Paris on l’appelait l’Ermite de Sénart »(*)
 Pendant ses années de séjour aux Bosserons, il profita largement de la campagne., passionné de botanique, étudiant les plantes de la forêt. Dans son ouvrage « Les saisons, étude de la nature »de 1867 il professe : «  Passé un certain âge, on ne peut être qu’un misanthrope ou un coquin. Il y a pourtant un remède : l’étude de la nature  alliée à l ‘amour du travail ». Ce ne fut ni un misanthrope, ni un coquin.  Il mourut discrètement le 4 mai 1878 . (1)

 (*)- LES BOSSERONS HAMEAU de Brunoy.(p 160)



BAPTISTE  BONNET
POETE PAYSAN PROVENCAL
1844-1925

Il publie  en langue provençale les souvenirs de sa vie mouvementée
-Vido d’enfant (Vie d’enfant)
Il est connu aussi pour
–Varlet de mas. (Valet de ferme)
et aussi pour le flatteur
-Moun baile Anfous Daudet  (Mon maître Alphonse Daudet.
En 1894, il fut reçu à Champrosay chez les Daudet. Mais il s’ incrusta un peu trop longtemps chez Alphonse  au grand dam de Julia.



ALPHONSE DAUDET à CHAMPROSAY
1846-1897

Si je consacre tant d’espace à la famille DAUDET, c’est qu’ils furent au premier rang des personnalités qui vinrent s’installer à Champrosay et ils méritent un traitement de faveur, accueillant à table ouverte tout ce qui avait un nom dans le domaine des arts ou des lettres. Ils ont été le moteur d’une société bon enfant mais de qualité où se plut tant d’étés le difficile et sarcastique Edmond de Goncourt qui d’ailleurs vint y mourir.
L’installation des Daudet à Champrosay date de 1868.Il faut remonter à l’année précédente pour en comprendre les raisons. Alphonse Daudet épouse Julia Allard en janvier 1867. Le grand père de Julia possédait le château de Vigneux et les jeunes mariés occupent une aile du bâtiment durant cinq mois de la belle saison, cette année-là. Le grand-père Jacques Navoit vend le château en 1868.
Quoi qu’il en soit, le père de Julia n’ayant plus de « maison de campagne »où aller en été, acheta à Champrosay un pavillon que Delacroix avait occupé jusqu’en 1863.,sur la route qui,  de  Villeneuve St Georges à Corbeil  longe la vallée de la Seine, passe sous la forêt de Sénart au point de la frôler et domine le fleuve au niveau de Ris -Orangis.
Le jeune couple s’y installe durant l’été et les parents Allard vont passer la belle saison dans une autre maison voisine.
Champrosay est à la bordure de la forêt de Sénart. Si la Seine a des attraits qui stimulent notre écrivain, la forêt est constamment présente dans la vie d’Alphonse puisqu’il va y trouver la source d’inspiration pour deux romans qui firent son renom, « Robert Helmont  et  Jack ».
 Nous allons maintenant essayer de suivre les séjours des Daudet année par année à Champrosay. Nous allons pour cela nous inspirer d’un ouvrage sérieux et me semble-t-il fort complet, « Les Daudet » de J.P Clébert
Donc Alphonse et sa femme s’installent en 1868 dans la maison de Delacroix. L’écrivain occupe l’atelier du peintre. A côté, un grand salon. En haut, un cabinet de travail. « Au dehors, la maison est un vrai bonheur avec des murs couverts d’un grand jasmin de Virginie et un jardinet aux bordures de buis plein de fleurs et d’abeilles  avec une petite porte ouverte sur la plaine et la Seine toute proche »(journal de Delacroix)
Alors, c’était la joie toujours renouvelée des promenades sur l’eau ou tout simplement au milieu des joncs, le canot immobile, le plaisir des longues rêveries à la façon de Rousseau, ou encore les heures de travail à écrire, écrire, encouragé par sa compagne Julia. « A cette époque, je n’avais pas encore de rhumatismes et, six mois de l’année, je travaillais sur mon bateau. C’était à dix lieues en amont de Paris, sur un joli coin de Seine, une Seine de province, champêtre et neuve , envahie de roseaux, d’iris, de nénufars, charriant de ces paquets d’herbages, de racines où les bergeronnettes fatiguées de voler s’abandonnent au fil de l’eau. Sur les pentes de chaque rive, des blés, des carré de vigne ; çà et là quelques îles vertes, l’île des Paveurs, l’île des Moineaux, toute petite, vrai bouquet de ronces et de branches folles dont j’avais fait mon escale de prédilection. Je poussais ma yole entre les roseaux, et lorsqu‘avait cessé le bruissement soyeux des longues cannes, mon mur bien refermé sur moi, un petit port aux eaux claires, arrondi dans l’ombre d’un vieux saule me servait de cabinet de travail ».(Trente ans de Paris)
C’est là qu’il traduit en provençal pour son ami Mistral  « La Chèvre de M. Seguin ». Et qu’il termine, aidé par Julia, « Les Lettres de mon Moulin ».
Les séjours à Champrosay sont souvent agrémentés de visites impromptues; des nombreux amis du couple. On arrive sans prévenir et l’ on dîne « à la fortune du pot ». Julia se montrait une hôtesse délicate, efficace, et donnait à chacun l’occasion de s’exprimer et même de briller devant la petite société d’amis rassemblés autour de la table.. Après dîner, les hommes, -cela devint une tradition -partent au café proche pour fumer et boire.
Arrive 1870. Les Daudet sont à Champrosay . Alphonse va  travailler sur sa barque amarrée le plus souvent à l’Ile des Moineaux qu’il affectionnait particulièrement. Ce fut le cas de ce 14 juillet 1870.accompagné d’un ami ; le travail terminé, voulant peut-être de donner un peu d’exercice il s’amuse à faire un peu de « lutte pour rire »avec son compagnon et crac ! le poète se casse la jambe. Il est ramené chez lui par son ami penaud et étendu sur le divan, celui de Delacroix.. Le facteur apporte les deniers journaux de Paris. On y annonce la dépêche d’Ems et il comprend tout de suite que c’est la guerre. Cinq jours plus tard, le conflit éclatait
Le père Allard a acheté une nouvelle maison à Champrosay où toute la famille s’est rassemblée. Mais , dès le mois de septembre, on quitte la campagne et l’on se regroupe chez les parents de Julia rue St Gilles à Paris.
C’est le 27 avril 1871 que l’on se retrouve à Champrosay. Le pays est occupé par les Allemands. Plus tard ,en 1914, Julia évoquera dans son journal sa colère de voir  ce pays aux mains de l’ennemi : «  Ma rage de sentir le pas des chevaux allemands sur le sol français !Je les ai trop entendus autrefois sur les routes de Sénart et de Champrosay. Je nous vois, Alphonse et moi, assis au pied du chêne prieur, lui avec ses cahiers et moi tenant mon ouvrage, et Léon jouant près de nous ? Des officiers en uniforme débouchant d’une allée, sûrs d’eux, autoritaires, cavalcadant et parlant fort !Quelle humiliation, et quelle douleur».
Alphonse et Julia prennent temporairement le métier de journalistes et écrivent dans un journal, « Le Soir » de Versailles. « où ils fustigent à la fois la répression de la commune par, Galifet, et le crime gratuit » L’été se passe, on rentre à Paris, rue Pavée. tout l’hiver 1872-1873.
C’est à nouveau Champrosay. La grande maison des Allard est le refuge de toute la famille. J.P.Clebert nous la décrit et nous allons le suivre dans la visite. : «  C’était une grande maison tout à fait ordinaire environnée d’une multitude de petits bâtiments bas, appentis ou garages, communs ou celliers, au milieu d’un grand jardin. Au  rez de chaussée et à l’entresol , un espace réservé était destiné aux parents d’Alphonse(lorsqu’ils viendront) Au premier étage, c’était l’appartement des parents de Julia. Il comprenait un grand salon ouvert à tous «  tendu de papier satiné blanc et argent...avec des fauteuils de cuir rouge »Au second étage, c’était l’appartement des jeunes époux, qui comprenait outre un bureau de travail et une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine et« Deux jolies chambres garnies de perse aux fleurs et aux oiseaux » et une chambre d’enfant. Au sommet se trouvait un petit cabinet de travail particulier où Alphonse aimait travailler, meublée seulement d’une table haute à cause de la myopie de l’écrivain et d’une chaise de paille. C’est là qu’il aimait travailler dès l’aube.« Les meilleures pages s’écrivaient encore à Champrosay où les premiers lilas nous voyaient arriver pour une villégiature  souvent prolongée jusqu‘aux premières neiges. A la campagne, l’espace est vaste, l’air libre, le temps long, et, disposant à son gré de sa personne et de ses heures, on a surtout la sécurité de cette indépendance et la sensation rassurante d’être bien seul avec son idée.. Je ne l’ai jamais mieux sentie qu’en écrivant Jack . Bien avant le jour, j’étais installé à ma table en bois blanc, à deux pas de mon lit, dans le cabinet de toilette. J’écrivais à la lampe  sous une fenêtre à tabatière, froide de rosée qui me rappelait les années de misère du début. Des bêtes de nuit rôdaient sur le toit, grattant les tuiles, un hibou miaulait, des boeufs soufflaient dans la paille d’une étable à côté et sans regarder le réveille matin tictaquant devant ma plume, sans lever les yeux sur les palissements de l’aube, je savais l’heure aux chants des coqs, aux mouvements d’une ferme voisine où sonnaient des claquements de sabots, la ferraille d’un seau pour l’eau des bêtes, des piaillements, de lourds battements d’ailes, des voix enrouées qui se hélaient dans le frisquet du petit jour puis sur la route le pas somnolent des travailleurs passant par bandes et un peu plus tard une volée d’enfants courant vers l’école, faisant le train fuyard d’une compagnie de perdreaux. »
Durant l’année 1873, Alphonse Daudet écrit pour « Le Moniteur » un feuilleton qui sera ensuite édité comme livre où il conte par le truchement d’un «  journal », la vie d’un homme solitaire de la forêt de Sénart durant la guerre franco-allemande du 3 septembre 1870 au 30 janvier 1871. Il s’agit de « Robert Helmont ». On peut dire qu’il servait « tout chauds » à ses lecteurs, les sentiments et les actions de ses personnages à peine deux ans après les évènements
Ce même été, Alphonse se décide d’écrire la vie d’un personnage q u’il a connu vers 1868 alors qu’il arrivait à Champrosay. Voici ce qu’il en dit «J’ai devant moi sur la table où j’écris, une photographie de Nadar, le portrait d’un garçon de dix-huit à vingt ,ans, douce figure maladive aux traits indécis, aux yeux d’enfant, joueurs et clairs, dont la vivacité contraste avec l’affaissement d’une bouche molle, une bouche de pauvre homme qui a beaucoup pâti. C’est Raoul D...., le « Jack » de mon livre tel que je l’ai connu tel que je l’ai vu arriver chez moi dans la petite maison que j’habitais à Champrosay. »
Cet été-là, Daudet va recevoir pour la première fois à Champrosay, Edmond de Goncourt, prélude à de nombreux séjours. L’écrivain est désorienté. Il ne s’attendait pas à trouver une atmosphère détendue et bon enfant comme celle que faisait régner Julia. Il écrit dans son journal « Ces aimables gens m’apparaissent sous un jour mélancolique (...)Là, rien qui ne soit la chose commune, banale, la chose de tout le monde » Mais Goncourt révisera vite ses sentiments devant la simplicité de l’accueil de ses hôtes, l’union de ce couple ami qui, note-t-il ressemble à celui qu’il faisait avec son frère ; complicité littéraire et compréhension
Durant l’été 1874, à nouveau c’est le rassemblement de la famille à Champrosay. Alphonse et Julia travaillent assidûment au roman commencé l’année précédente , « Jack »est presque terminé ; il faut y mettre un dernier « coup de patte »
L’été 1876 sera celui de la peinture. On reçoit Renoir à Champrosay ; il fait très chaud. Le peintre a entrepris les portraits de Julia et du petit Léon. Il est très pénible de poser par cette température  « Julia, aussi rose que les nus du peintre, reste stoïque »Renoir reste plusieurs semaines à Champrosay.Il va se recueillir sur la tombe de Delacroix. Il peint aussi « La Seine à Champrosay » et commence à penser à son tableau »Le Moulin de la Galette » ; il dessine plusieurs projets ; le tableau sera exposé en 1877. Un autre visiteur fréquente la maison des Daudet. C’est Ed de Goncourt, malgré quelques articles assez méchants à l’égard d’ Alphonse. Il continuera, souvent acerbe, à publier des critiques sur les oeuvres de ses hôtes ; il restera malgré tout, un habitué de la maison  de Champrosay. Cette année-là, on joue à Paris une adaptation de « Fromont jeune et Riesler Aîné »pour le théâtre et c’est à la fois le succès et la fortune. La santé d’Alphonse se dégrade. En 1878, c’est un homme fatigué qui vient se mettre « au vert » dans sa maison de campagne. Il subit une hémorragie impressionnante qui lui laisse un goût de sang dans la bouche. Il perd connaissance ; il est fort inquiet, impressionné, effondré même et il croit sa dernière heure venue. Il garde la chambre et accepte de se  laisser soigner par Julia Tous deux, elle et lui, tout doucement, vont travailler afin de terminer « Les rois en exil ».
La famille Daudet vient passer quelques mois de l’été 1880 à Champrosay, de même en 1884 où  Alphonse ira à Néris-les-Bains soigner une maladie vénérienne. Par contre, en 1885, Daudet part d’abord pour une cure à Lamalou les Bains et vient ensuite se reposer à Champrosay. Il est assez solide alors pour travailler à une adaptation de Sapho pour la scène.
Mais Alphonse devient de plus en plus faible . Il paye cher une jeunesse de bohème qu’il n’avait pas crue dangereuse ; en 1887 il retourne en cure  è Lamalou les Bains puis passant par la Provence, (peut-être pour aller visiter son ami Frédéric Mistral !)il revient à la maison dans une forme physique désastreuse. Atteint à la moelle épinière, il souffrait à chaque mouvement et marchait difficilement, avec une canne, vêtu d’une longue veste, coiffé d’un chapeau de feutre, il avait gardé l’allure d’un félibre, avec sa barbiche et sa moustache.
1886. Julia, Energique, peut-être pour conjurer le sort, peut-être pour procurer un nouveau  cadre à la vie du couple, décide de changer de maison. On achète une grande propriété de: six hectares pour 112 000 francs »ce n’est pas une folie »dit-elle ! . Alphonse est plus indifférent ; mais la nouvelle maison est vaste ; elle va permettre, dans l’idée de Julia, de pouvoir rassembler toute la famille Daudet, toute la famille Allard. On peut ainsi juger des sentiments de Julia pour se famille. C’est la troisième maison que le couple va habiter à Champrosay.(au 31 rue Bellechasse)
L’année 1888 est néfaste pour le couple Alphonse-Julia. Cette dernière a lu dans le journal l’« Evènement » un article fielleux contre elle ; elle en souffre beaucoup ; une dispute  s’élève entre les deux époux et Alphonse provoque en duel Magnier, le directeur du journal. Mais cette année-là paraissent deux livres d’Alphonse . « Robert Helmont » qui n’avait jusque-là paru que sous forme de feuilleton, et « Trente ans de Paris » dont nous avons inclus dans ce travail quelques jolis passages (à la mode de Daudet ! )
En 1890, les Daudet passent tout l’été à la campagne . On parle beaucoup du projet de mariage entre Léon et Jeanne, la fille de Victor Hugo. L’automne est si beau  qu’on prolonge le séjour à Champrosay . L’été suivant on accueillera à la maison Edouard Drumont, célèbre pour ses convictions nationalistes. Quant-à Léon, tout comme son père, il ne peut se dégager de l’emprise de la forêt de Sénart toute proche. Il a écrit un roman, Haerès. Voici comment en parle l’ami de la famille Edmond de Goncourt : « Une sorte de poème philosophique en prose. Des personnages se mouvant dans les milieux d’une nature sylvestre inspirés par la forêt de Sénart où il passé son enfance. »
La vie s’écoule doucement ; on invite le poète-paysan Baptiste Bonnet qui séjourne peut-être plus longtemps que ne le souhaitait Julia (1894) Alphonse se soigne mais il travaille toujours. Il a commencé  un roman directement inspiré par un évènement local : un habitant de Champrosay, ancien voisin de Delacroix, Monsieur Quantinet, a été abandonné par sa jeune épouse, partie avec un jeune séducteur. Après bien des tourments, résigné, il a trouvé une certaine consolation dans la religion, dans la piété très forte , au point qu’il fit construire une petite chapelle sur la route de Corbeil. Cette chapelle existe encore. Elle fut même consacrée par un évêque en 1861.Elle constitua ce que les voisins moqueurs appelèrent « La paroisse du Bon Cocu »
et que Daudet appelle « La petite Paroisse. » Il y est développé une histoire parallèle à celle de M. Quantinet pleine  de rebondissements, d’amour, de haine, d’orgueil, de bons sentiments, de pardon. la vie ! quoi ! La chapelle y joue un rôle déterminant. Le roman parut en 1895.
Nous ne saurions passer sous silence les rapports de bon voisinage qui existaient entre les Daudet et le couple Tournachon (le photographe Nadar) qui vivait dans une maison restaurée de l’Ermitage de Sénart.
L’année suivante ;, les Daudet passent l’été à Champrosay. ILs vont y ecevoir le musicien Reynaldo Hahn ainsi que Marcel Proust qui dit dans son journal : «  Madame Daudet, très fine, très cultivée, merveilleuse garde-malade, auprès de lui qui s’en allait d’une maladie de la moelle épinière »Et pourtant, cet été-là, par suite du divorce de son fils Léon elle avait changé bien changé.
 Son caractère enjoué était devenu acide et presque provoquant. En plus un drame s’était joué à la maison. Edmond de Goncourt était venu rejoindre ses amis en juillet, assez mal en point lui aussi avec ses 74 ans, souffrant du foie. C’était la douzième année qu’il séjournait à Champrosay. Il utilisa la baignoire et prit froid. En deux jours, les 16 et 17 juillet, il fut à l’agonie et mourut.
Alphonse et son «épouse quittèrent la campagne pour Paris vers la fin du mois d’octobre. Le romancier ne devait plus revoir la forêt de Sénart qu’il affectionnait tant, source ou cadre de deux de ses livres, ni la Seine où il avait si souvent rêvé, allongé sur sa barque, caché parmi les roseaux !
A la fin de l’année 1897, il mourut à Paris. Dès l’année suivante, Julia va vendre la maison dans laquelle dit-on elle ne retourna plus.



VICTOR  DALLOZ
1795-1869

Universellement connu de tous les juristes et étudiants en droit pour avoir édité un recueil volumineux du CODE CIVIL.
-Son livre, on l’appelle « LE DALLOZ »
Il fut durant 14 ans conseiller municipal de la commune de Draveil.



ALEXANDRE  DUVAL, "AUTEUR à la MODE"
1767 - 1842

Né à Rennes, il fut dans sa jeunesse , l'homme de tous les emplois. Matelot puis architecte, comédien puis poète comique, il fut même directeur du théâtre de l'Odéon, de 1810 à 1815, alors qu'il était tout neuf refait par l'architecte Chalgrin après un incendie. "Concession pour neuf ans , le théâtre ne devra être utilisé que pour le spectacle de l'Impératrice".
Alex  Duval fut élu à l'Académie Française en 1813 au fauteuil de Legouvé, et reçu par Régnaut  de St Jean d'Angély.
Un peu désabusé, il écrivait "L'argent seul est le but qui dirige les hommes . C'est par lui qu'on peut tout dans le siècle où nous sommes".
Cela n'a guère changé et il semble que ce fut la base de nombreuses de ses pièces de théâtre.
Il avait la dent dure pour ceux qu'il jugeait médiocres. Ainsi, en 1834,  il écrivit une lettre contre l'accession à l'Académie française de Scribe, un de ses confrères "Il a pillé les vivants et les morts  -  L'appât du gain lui a fait exploiter les scandales et tremper sa plume dans la fange - il a avili les lettres" On ne peut pas être plus sévère et méprisant - et pourtant, Scribe fut élu !
Très connu, ce fut un auteur à la mode mais ses pièces si elles ont eu du succès, n'ont pas eu une longue carrière. Leurs sujets n'étaient pas d'une grande portée mais plaisaient aux spectateurs de l'époque .Ils ne laissent pas un souvenir impérissable  Il n'est que de lire quelques titres ! L'œuvre semble-t-il est maintenant aux oubliettes.
De 1791 Le Maire, 1792 Le dîner des peuples, 1793 La vraie bravoure, 1794 La reprise de Toulon, 1804 Shakespeare  amoureux, 1800 Beniowski musique de Boeldieu, 1821 Le souper imprévu….
Son théâtre n'était pas tellement estimé par Alexandre Dumas.
Ce fut malgré tour un auteur "fécond et populaire."
Alexandre Duval fut un certain temps assidu aux dîners de Joseph Talma en sa maison de Brunoy.



GUSTAVE DROZ
1832 - 1895


Gustave DROZ est un romancier français qui naquit et mourut à Paris. C'était le fils d'un sculpteur (J.A.Droz 1807-1872), élevé dans un milieu d'artistes, il exposa au salon de 1857. Puis il fut attiré vers l'écriture et fut l'auteur de sketches publiés dans " La Vie Parisienne ".
Gustave DROZ écrivit des romans où il montre un esprit d'analyse très perspicace des caractères. L'un des titres qui le firent connaître fut " Monsieur, Madame et Bébé " qui n'eut pas qu'un succès d'estime.
Suivirent alors des romans philosophiques et de délicates études des rapports familiaux :
-Entre flous (1867)- Le cahier bleu - Autour d'une source - Un paquet de lettres - -Les étangs - L'enfant - Tristesse et sourires.
Ami de Alphonse Daudet, il fut reçu à Champrosay et y séjourna . C'est au cours d'une des promenades qu'il faisait avec l'auteur des "Lettres de mon Moulin",qu'il lui conseilla d'écrire la vie d'un personnage misérable dont Daudet venait de lui raconter les malheurs . Il fut ainsi à l'origine du roman de Daudet "JACK" qui eut un grand succès dès sa parution.
La fin de sa vie fut ternie par une campagne injustifiée menée contre lui.
On lui attribua par erreur la paternité d'un roman " Un été à la campagne " composé d'une correspondance un peu scandaleuse entre deux jeunes filles en vacances.
Il fut bien disculpé ; mais la calomnie laisse des traces indélébiles sur la victime et fit beaucoup de mal à Gustave Droz.
NOTA : Ne pas confondre avec François Xavier Joseph DROZ moraliste, historien, né à Besançon , (1783 - 1950) de l'Académie Française.



EDMOND DE GONCOURT
1822 - 1896

Connu universellement par le prix littéraire qui est attaché à son nom, Edmond de Goncourt fait partie des personnages importants qui fréquentèrent notre région (Sénart / Yerres.)
Il avait rencontré Alphonse Daudet chez Flaubert, en 1873. Il reçut le couple Daudet à Auteuil en 1874, et fut invité la même année à Champrosay pour y passer quelques jours. Ce fut le début d'une longue tradition. Chaque année ou presque, Edmond de Goncourt vint régulièrement chez ses amis Daudet. Il avait sa chambre réservée . Il se montrait aimable avec Julie et presque affectueux pour Alphonse en qui il croyait retrouver quelques traits de son frères Jules. Mais il ne se privait pas , cependant, de critiquer parfois sévèrement les travaux littéraires de ses hôtes .
Hors de la belle saison, les deux écrivains s'écrivaient régulièrement et l'on a publié leur correspondance, qui est une mine de renseignements sur la littérature à la fin du XIXème siècle. Déjà, Edmond avait publié le journal qu'il avait écrit en compagnie de son frère Jules de Goncourt, où les deux compères ne se gênaient pas pour égratigner, parfois de manière féroce, leurs confrères en littérature.
C'est chez ses amis Daudet qu'Edmond de Goncourt mourut, à 74 ans. Il souffrait du foie. Cet été - là il faisait très chaud et il eu l'idée de se servir d'une baignoire pour se rafraîchir. Mais il se rafraîchit trop, il "  prit froid " et en deux jours il était emporté les 16 et 17 juillet 1896.

 



BERRYER PIERRE NICOLAS
1757 – 1841

Ce fut un grand avocat, défenseur du Maréchal NEY. Il eut un fils lui aussi avocat , Pierre Antoine.
Il était allié à la famille de Delacroix. Dès l’âge de 17 ans, il quitte sa Lorraine natale , (Ste Ménéhould), débute à Paris et entre dans l’étude de Charles Delacroix où il fait l’apprentissage du droit .Quatre ans plus tard , il est reçu avocat.
Dès ses débuts dans le barreau, il est salué par ses confrères, les Target, les Tronchet, les Gerbier comme un avocat plein de promesses.
La période révolutionnaire l’empêche d’accomplir sa tâche d’avocat (les suspects n’ont pas droit à la défense) Il se contente de l’emploi moins dangereux de conseiller juridique. Mais il fut tout de même menacé de mort.
Après la réaction thermidorienne ,il reprend sa carrière. Il a à ce moment un troisième fils.
Durant le Consulat, il a à défendre un opposant au régime de Bonaparte, Victor Moreau. Puis il devient l’avocat des adversaires de Napoléon Ier :le général Monet, le général Pierre Dupont de l’Etang, le général Vedel, le maire d’ Anvers …qui est acquitté  Mais depuis Dresde, Napoléon fait casser le procès .
Après l’affaire Malet, il défend Joseph Guival, opposé à l’empereur, qui sera fusillé(1812)
Après la chute de l’Empire, Berryer se sent plus libre de paroles et moins menacé. Durant la Restauration, il défend le maréchal Ney sans pouvoir le sauver.
En 1839 il publie un livre titré  « Souvenirs de M. Berryer, doyen des avocats »
Il meurt en 1841.
Pierre Nicolas Berryer habita un moment le village d’ Epinay sous Sénart.



BERNARD de BOULAINVILLERS
1724-1798

Petit fils de Samuel  Bernard, Henri Bernard de BOULAIVILLERS naquit  le 10 décembre 1724. Il épouse  Anne Marie d Hallencourt en 1770, dont il a trois filles
Il reçoit en héritage le domaine de Glissolles, mais en 1750, il y bâtit un nouveau château et canalise l'Iton. Il achète aussi en 1759 la seigneurie de Gaudreville et le fief de La Haye.
Le marquis de Boulainvilliers était titulaire de postes importants à la cour : Président du Parlement, Conseiller du Roi, et pouvoirs de police, de justice et d'administration, car il était prévôt de Paris.
Vint la Révolution. Il s'accommode du nouveau régime. Loin d'émigrer, il prête serment à la république, réside à Paris, mais il est surveillé ; il doit régulièrement prouver qu'il réside en France.
En 1793, il est inquiété et on l'assigne à résidence. Bien plus, il est arrêté en septembre ; ses employés le sont déjà. Il est incarcéré dans trois prisons successives. On l'accuse d'avoir émigré. Mais ce sont  les soubresauts de la Terreur et tout s'apaise. Il va faire parvenir ses actes de propriété à la mairie de  Gaudreville (1793) qui les lui rendra en 1795. Il est remis en liberté en 1794. Ses biens sont partagés entre la Nation et ses deux petits enfants. Il meurt à Paris le 6 messidor an 6 .
Le marquis de Boulainvilliers intéresse notre région par le fait qu'il était propriétaire A Montgeron. Varennes- Jarcy



ARNO BERTINA
1975

Arno Bertina est l’auteur d’un premier roman : Le Dehors ou la migration des truites (Actes Sud, 2001). En septembre 2003 paraît Appoggio (Actes sud), second volet d’un triptyque clos par Anima motrix (Verticales, 2006).
En marge de ces romans, deux autres livres ont été publiés : en janvier 2004, La Déconfite gigantale du sérieux est parue aux éditions Lignes/Leo Scheer, sous le pseudonyme de Pietro di Vaglio ; et, en septembre 2006, « J’ai appris à ne pas rire du démon », fiction biographique autour de la figure de Johnny Cash (Naïve).
Pensionnaire de la villa Médicis (Rome) en 2004-2005, il a écrit avec Bastien Gallet (philosophe), Ludovic Michaux (photographe) et Yoan De Roeck (graphiste), un livre retraçant l’histoire d’un monument, l’Ara Pacis : Anastylose / Rome / 13 av J.-C. / 9 av J.-C. / 1942, farce archéologique (Fage, 2006). Cette première expérience d’écriture collective l’a ensuite amené à devenir membre du comité de rédaction de la revue Inculte, et à écrire Une année en France en collaboration avec François Bégaudeau et Oliver Rohe (Gallimard, 2007).
France-Culture lui a également passé commande d’adaptations (Au dessous du volcan de Malcolm Lowry, et La conscience de Zeno d’Italo Svevo) et de dramatiques telles que La Relève des dieux par les pitres, un monologue écrit pour la comédienne Agnès Sourdillon.



LEON NOEL
1888 – 1987

Ce personnage haut en couleurs, nous intéresse pour avoir été le directeur du « Livre d’OR »
Il séjourna à l’Hermitage de la Forêt de Sénart à Champrosay. Il était docteur en droit, ambassadeur, ministre de France, ministre plénipotentiaire durant les négociations d’armistice avec l’Allemagne et l’Italie en 1945.
Président de la commission aux affaires étrangères en 1948, il s’inscrit au R P F.
Il est président du Conseil Constitutionnel de 1959 à 1965.
Dès 1944 il fit partie de l’Académie des sciences morales et politiques. Il écrivit un grand nombre le livres d’Histoire politique de la France.
- Agression allemande contre la Pologne (1946)
- Conseils à un jeune Français qui entre dans la diplomatie (1948)
- Comprendre de Gaulle (1972)
- Illusions de STRESA (1975)
- De Gaulle et le début de la Ve république

JG



ROBERT DUBOIS CORNEAU
1876-1951

Robert Dubois était un homme aisé, érudit, qui vécut toute sa vie en compagnie de sa sœur Alice dans une agréable demeure qui donne directement sur la rue Réveillon à Brunoy.
Il était d’une famille prospère de commerçants. Il avait une fortune suffisante pour délaisser une carrière prometteuse dans le négoce. Il put se consacrer à sa passion pour l’Histoire locale. Il rassembla chez lui une collection importante d’objets divers, de documents, de gravures et tableaux, de céramiques ayant un rapport direct avec la Brie et surtout la vallée de l’Yerres.
Il écrivit des livres sur le Marquis de Brunoy, sur Paris de Monmartel, et des brochures : Les armes de BRUNOY - Le Monmartel – La cloche de Brunoy – Notice historique. Il a légué à la commune de Brunoy toutes ses collections, sa maison et tout le parc qui l’entoure.
La maison abrite actuellement le Musée municipal et sur les terrains la commune a construit un bâtiment locatif pour les instituteurs, une école maternelle, une école primaire, et une salle de gymnastique qui malheureusement a brulé.
Sa sœur était passionnée de peinture et a laissé un certain nombre de tableaux qui sont actuellement déposés au musée et qui sont de belle tenue.
Monsieur Robert Dubois a bien mérité de la ville de Brunoy.

JG