Parmi les personnalités ayant habité ou fréquenté Brunoy ou sa région, on compte peu d'architectes. Henri PRONIER, dans cette
profession, laissa à Brunoy et ses environs nombre de témoignages de son esprit ouvert à la diversité.
Né en 1855, il fait des études régulières et entre à 18 ans à l'école des Beaux Arts section architecture. Puis, après avoir effectué son service militaire dans
l'infanterie, il revient de 1876 à 1880 en première classe d'architecture. A sa sortie il est nommé Architecte de la Préfecture de Police.
Il participe, sous l'égide du célèbre DAVIOUD, à la construction du Trocadéro à Paris en 1883. Il s'est marié en 1882.
C'est en 1891 que l'architecte s'installe à Brunoy, près de la gare. Alors, il s'adonne à un art original, prenant pour chaque construction un style libre où la diversité que permet la mode de la belle époque
devient une règle. Pour chacune de ses oeuvres, il s'inspire librement de formes parfois révolutionnaires, ou empruntées à des traditions étrangères. Il allie souvent divers
matériaux pour éviter la monotonie sur une façade, notamment des zones en colombages. Ou bien il installe sur un angle une petite tourelle qui donne un aspect un peu d'imprévu ou de fantaisie.
Rue du Général Leclerc, la villa Rhadamès se rapproche du style de l'ancienne Egypte avec ses colonnes en fleurs de lotus et la distribution des volumes. A Montgeron, il construit l'Ecole Maternelle, et à Brunoy,
la maison du joaillier parisien FOSSE, face au pont , rue de Cerçay avec de hauts toits à la française et à l'angle de la rue une sorte de gloriette à colombages. Cette maison fut
démolie pour laisser la place aux médiocres bureaux de la Sécurité Sociale, qui vont être remplacés à leur tour.
En plus de ses activités professionnelles, Henri PRONIER était musicien. Il jouait de l'orgue à St Médard chaque dimanche, et même composa quelques oeuvres pour orgue.
Il s'éteignit en 1927 à l'âge de 72 ans.
D'après un texte de M. HERVE. Pour en savoir plus M. HERVE et J. GAUTIER dans LE MONMARTEL N° 22, p. 47-70.
MARIE CURIE
1867-1934
Madame Curie est
née
en Pologne en 1867 et portait le nom de Slodowska. Elève
modèle,
très douée, elle termine ses études secondaires en
1883 et devient institutrice privée. Elle est très
attirée
par les sciences et doit, pour faire des études
sérieuses,
partir à l'étranger.chez sa soeur Bronia et
s'inscrit aux
cours de la Sorbonne. Elle poursuit des études brillantes et
fait
la connaissance d'un étudiant, Pierre Curie, qui suit les
mêmes
études qu'elle. Ils se marient et travaillent ensemble.
Ils découvrent
alors la radio-activité, la fluorescence, les Rayons X, la
radiologie,
la radiographie…Deux filles naissent : Irène et Eve.
Mais en 1906, dans un
stupide accident de circulation, Pierre Curie meurt. Marie en
conçoit
un immense chagrin. C'est alors que de basses attaques venues de
collaborateurs
envieux et bornés vinrent l'assaillir. Minée par
l'indignation
et le chagrin, elle tomba malade en 1911. Elle quitte provisoirement
ses
travaux.
Sa fille Eve Curie nous rapporte : « Traquée par les maux physiques et la vilenie humaine, elle se cache comme une bête aux abois. Sa soeur a loué
pour elle au nom de « Dluska » une maison à Brunoy près de Paris. La malade y reste quelque temps (Sept semaines) puis
s'installe incognito à Thonon pour de mornes semaines de cure » . Françoise Giroud, de son côté dans son livre « Une femme honorable » souligne « La passion des
pierres est la seule qu'on lui connaisse en matière propriété. Mais celle-ci est vive. Elle acheta une maison en Bretagne et gardera jusqu'à la fin de sa vie la maison de Brunoy. »
Cette villa va devenir la maison de campagne de la famille Curie, maison de repos pour sa fille Irène, après un séjour forcé en sanatorium, vacances en famille en 1927 et lieu de retrouvailles familiales. A la
fin des années trente du siècle dernier, une institutrice de l'école des Ombrages racontait à ses élèves que Marie Curie, lorsqu ‘elle séjournait à Brunoy,
venait faire ses courses à pied , dans l'épicerie de la place des Grès. Fatiguée, elle avait l'habitude de s'asseoir, en attendant de retourner chez elle. Où se trouve donc cette maison des Curie
si discrète ?
C'est au 4 rue Dupont Chaumont, une maison modeste qui s'élève derrière une petite cour ombragée avec un portail étroit, entre deux
piliers de brique pointus. C'est là que la célèbre physicienne venait de temps en temps se retremper dans vie simple qu'elle aimait, à deux pas de la forêt, au milieu de la sympathie
de ses voisins.
HELMUT
VON
SBOROWSKI
1905-1966
Né en 1905,
Helmut
Von Sborowski était le descendant d'une très
vieille famille
autrichienne connue depuis l'an 999. François Ier
d'Autriche anoblit
son grand père et François Joseph de Habsbourg donna
à
sa famille le titre héréditaire de Chevalier.
Von Sborowski
était
un homme très simple, passionné par son travail. Au
moment
de l'Anschluss, il dut opter pour la nationalité
allemande.. Après
avoir participé à des études dans un bureau de la
B. M. W. de Munich, il se passionne pour la conception des
fusées
et pour la propulsion par réaction. C'était un
audacieux
qui faisait des expérimentations dangereuses, mélangeant
des carburants et des comburants très détonants (comme
l'alcool
et l'acide nitrique) pour alimenter des réacteurs ou les
réservoirs
des fusées.. C'est lui qui conçut les
réacteurs du
Messerschmidt 163 B.
Il se marie avec une
chimiste réputée, Isolde Otman. En 1942, il reçoit
la croix de Chevalier. On peut dire que sa vie fut à peu
près
parallèle à celle de Von Braun :
En 1945, tout son
travail,
ses travaux, ses projets volent en fumée à Peenmünde
sous les bombardements alliés. Il est arrêté et
fait
prisonnier par les troupes occidentales. Si Von Braun a
été
très vite sollicité par les Américains pour
continuer
ses travaux aux Etats-Unis, Helmut fut vite
récupéré
par la France qui lui offrit des facilités pour continuer ses
recherches
au sein de la « Société d ‘Etudes de la
propulsion
à réaction ». Puis il fonde son propre bureau
d'études,
pour la création de prototypes d'avions à
réaction
; il se fixe à Boussy St Antoine dans l'ancienne maison du
peintre
Dunoyer de Segonzac.(1953-1955)
Enfin il vient se
fixer
à Brunoy au N° 1 de l'avenue d'Orléans
où il installe
le « Bureau Technique Von Sborowski »
La famille habite
là
; les enfants vont à l'Ecole du Chêne. Mais
Helmut décède
et la famille quitte Brunoy.
DOCTEUR MARCEL
FREYSSELINARD
La famille
Freysselinard,
venant du Limousin, s'installa à Paris en 1910, dans le
quartier
du Temple. Le père y ouvrit une officine de pharmacie. Les deux
enfants firent de brillantes études, Marcel à l
école
militaire de Saint Cyr, son frère Jean à Polytechnique.
En 1914, Marcel
n'a pas
terminé ses études à St Cyr. La guerre est
là,
il s'engage, volontaire pour le front et dès 1915 il est
décoré
de la Légion d'honneur à titre militaire.
En 1917, il fait la
connaissance
de Rose, une jeune Russe. En 1919 , il l'épouse
malgré la
pression conjuguée de l'Armée et de ses parents.
Il commence alors des
études de médecine. Il a 23 ans. Pour subsister il fait
de
la représentation médicale. Ayant obtenu son grade de
docteur
en médecine, il vient s'installer avec Rose à
Brunoy au 5
avenue Portalis .
Le souvenir du
Docteur
Freysselinard est assez imprimé dans les esprits des anciens
Bosseronais
pour que je n'insiste pas. Il faut tout de même rappeler
qu'il était
considéré par ses pairs comme un confrère
sérieux
et efficace qu'on pouvait consulter dans les cas difficiles. Il
était
généreux et « oubliait » dans certains cas de
demander le prix de sa visite. Mieux, il laissait quand il le jugeait
nécessaire,
un petit viatique sur un coin de table, pour les médicaments
– et
ce n'est pas une légende !
A côté
de
son travail de médecin, Marcel Freysselinard était un
passionné
du violon qu'il jouait parfaitement, dès qu'il en
avait le loisir.
Parfois, le
Président
de la République Albert Lebrun venait en visite le plus
discrètement
possible. Jean Freysselinard avait épousé la fille du
Président.
On se retrouvait en famille, les deux frères réunis.
Albert Lebrun aimait
beaucoup cette atmosphère détendue qui régnait
à
Brunoy chez le docteur Freysselinard, cette convivialité, la
présence
de ses enfants et petits enfants, la campagne, tout ce qui
l'éloignait
de la vie officielle et des contraintes de la politique.
Hélas,
l'âge
venant, en 1986 Rose s'éteignit au début du mois de
Juillet,
et Marcel qui avait renoncé à une brillante
carrière
militaire pour vivre avec elle alla la rejoindre dix jours plus tard,
le
14 juillet dans le caveau familial.
EMILE KOHN ABREST
Durant la
deuxième
guerre mondiale (et après), le docteur Kohn Abrest habita la
maison
qu'avait fait construire le général Dupont Chaumont
et qu'il conserva longtemps après avoir vendu son château
de "Chaumont". C'est une maison qui existe encore, très belle,
très
romantique au N° 1 de l'avenue du Général Leclerc.
Emile Kohn Abrest
était
un homme sympathique de petite taille avec une chevelure et une
barbichette
poivre et sel, des yeux malicieux et un sourire
accueillant.
Il avait une grande passion pour son travail et tard dans la nuit, on
pouvait
voir son petit laboratoire personnel, perché comme un balcon
derrière
la maison, toutes lumières allumées .
C'était un
toxicologue
réputé, souvent appelé comme expert par les
tribunaux
. Il fut le
collaborateur
du Dr Paul, médecin légiste réputé
Il a écrit
nombre
de communiqués sur ses travaux
- 1915 "Dispositif
pour
l'essai rapide des substances employées contre les gaz nocifs"
- Analyse de la
poudre d'aluminium
- 1935, avec Joliot
Curie
: Exposition à la maison de la chimie : Les Eudiomètres
-outillage
pour les laboratoires
- Principes de
génétique.
Enfin son oeuvre
principale
fut le Précis de Toxicologie en quatre volumes, universellement
connu et apprécié dans le monde médical -
2ème
édition en 1948.
Il eut à
donner
son opinions dans plusieurs affaires criminelles retentissantes. Ce
furent
l'affaire Violette Nozière , l'affaire Stavisky / Prince, et
l'affaire
de Mme Marie Besnard.
Il avait des
préoccupations
bien en avance sur son temps. Ainsi fit-il des mesures sur la
quantité
de gaz carbonique, d'oxyde de carbone et d'anhydride sulfureux dans
l'air
de Paris , au niveau du sol et dans le haut de la tour Eiffel. C'
était
un précurseur des écologistes de notre époque. Il
était grand ami du Docteur Freysselinard.
JEAN FRANCOIS CHALGRIN
1736 - 1811
Elève de
Ledoux
et Servandoni, Chalgrin fut titulaire du Grand Prix de Rome -(1758) et
résida dans la capitale italienne où il a
été
imprégné d'architecture classique; et formé par E.
Louis Boullée
Il a
été
l'architecte à qui on a confié la réfection de
Saint
Sulpice (la tour nord)
Il a renouvelé
l'antique tradition des basiliques avec St Philippe du Roule. Il a
agrandi
le Collège de France et participé après la
Révolution,
aux modifications de l'intérieur de palais du Luxembourg,
l'ancienne
résidence du Comte de Provence à Paris .
Napoléon Ier
en
1806 lui confia de "Concevoir une voûte commémorative aux
armées victorieuses de la France". C'est Chalgrin qui a fait les
plans, et initié la construction de l'Arc de Triomphe de
l'Etoile.
Mais il est mort avant la fin des travaux.
.On considère
qu'il est une figure exemplaire du Néo-Classisisme.
C'est lui qui
créa
pour Madame, épouse du futur Louis XVIII, ce qu'on a
appelé
la Folie - Madame, un petit palais blanc à rotonde
décorée
de fleurs sauvages en trompe l'oeil, " de plus en plus un endroit
de retraite,
vu son mariage délabré"(trad. de l'anglais - Guano de
Batte)
Ses créations
furent nombreuses en France :l' Hôtel Florentin, la Chapelle du
St
Esprit ; la reconstruction du théâtre de l'Odéon ;
la sacristie de la Cathédrale de Besançon ; et la
façade
du château de Survilliers.
A Brunoy, il fut l'architecte du Comte de Provence et transforma le Petit- Château que le comte de Provence venait d'acheter à Jean-Baptiste de Pange.(1774) Il
fut particulièrement inventif pour refaire le théâtre primitif du château .
JACQUES GERMAIN SOUFFLOT
1713 - 178O
Architecte célèbre, il séjourna à Rome dans les années 1731 à 1738. C'est là qu'il acquit une culture très classique, ayant
eu le temps de s'imprégner du caractère des monuments de la Rome antique et d'acquérir une maturité qui lui fit adopter pour ses constructions un style néoclassique .Il devint le
leader de ce style.
Il voyagea une autre fois en Italie avec le futur Marigny sur le désir de Mme de Pompadour, pour faire son éducation artistique. Il fut l'architecte préféré de Louis XV et de Louis XVI.
Il résida à Lyon de 1751 à 1754 où il construisit l'Hôtel Dieu.
A Paris, il est l'auteur de la Faculté de droit en 1774. De l'Hôtel Marigny en 1768 / 1771. De l'Hôtel de la Marine (place de la Concorde ) en 1775.
Enfin son oeuvre la plus connue est l'église Ste Geneviève devenue le Panthéon, ainsi que la place alentour, entre1755 et 1790. Mais il ne vit jamais son oeuvre terminée car il mourut avant son achèvement .
A Brunoy, il participa à l'érection de l'obélisque que l'on appelle "La Pyramide." On dit souvent qu' elle est l'oeuvre de Chalgrin, qui était à
cette époque l'architecte du Comte de Provence. Mais à cette époque; Soufflot était intendant général, et on retrouve sa signature sur le projet,( 17 juin 1779 ) en
compagnie des signatures de Nique et de Hazon eux aussi intendants généraux.
LE DOCTEUR ROUFFY
Sur une des places de Draveil, se trouve le buste d'un personnage dont Alphonse Daudet parle dans son livre " Trente ans de Paris".(p 279)
Il raconte les malheurs d'un certain jeune homme nommé Raoul , qu'il nomme JACK dans son roman, de médiocre santé et repoussé par sa mère. A cette occasion il parle d'un certain docteur RIVALS " un héros, un saint, qui court depuis trente
ans les routes familières à Jack et à son romancier. (..)De peur de l 'affliger, de gêner sa grande modestie, je n'ose ici donner son nom que tout un peuple de paysans
bénit depuis deux générations - qu'il me pardonne d' avoir dans l'affabulation de mon livre, mêlé à sa noble existence si droite, si ouverte, un drame sinistre tiré d'ailleurs ".
Dans une note en bas de page, l'éditeur précise " Il est mort aujourd'hui ; il s'appelait le Docteur Rouffy. Son buste décore la jolie place verte de Draveil ".
Qu'ajouter à cet hommage d'un homme sensible comme Alphonse Daudet ? Pour résumer, le Docteur Rouffy a été connu et respecté par la population de Draveil et ses environs pour son dévouement jamais en défaut.
En 1870, lorsque Mme Seguin, propriétaire du château de Draveil y créa une ambulance pour les blessés de guerre, ce fut le Docteur Rouffy qui en prit la
responsabilité avec une compétence et un esprit de sacrifice inégalés.
Disons aussi que le buste du Docteur Rouffy se trouve au milieu du parc Grager, intégré à une ancienne fontaine qui, en 1885 se trouvait près de l'église et qui fut transférée en
1952.
JEAN BOULET
1920-2011
Né le 16 novembre 1920 à Brunoy (Essonne), polytechnicien et diplômé de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique ("Sup Aéro"), officier de l'armée de l'air, Jean Boulet avait obtenu son brevet de pilote de chasse aux Etats-Unis, selon le site spécialisé helicopassion (www.helicopassion.com). A son retour en France, il se consacre aux essais dans l'industrie et entre, en 1947, à la SNCASE, devenue Sud-Aviation puis Aérospatiale, avant de retourner la même année aux Etats-Unis pour décrocher son brevet de pilote d'hélicoptère.
Les années suivantes, Jean Boulet obtient sa licence de pilote d'essais avions, celle d'ingénieur d'essais en vol, puis de pilote d'essais d'hélicoptères. Le 23 janvier 1953, victime d'une vrille lors d'un vol sur Mistral, il est le premier Français à utiliser, par nécessité, le premier siège éjectable monté sur chasseur à réaction. Il prend ensuite la direction des essais de la division hélicoptère et conservera ce poste vingt-deux ans jusqu'à sa retraite du personnel navigant, en 1975. A ce poste, Jean Boulet a mené à bien avec ses équipes une quinzaine de programmes différents, du prototype à la production en grande série.
Il avait ainsi participé à la mise au point du premier hélicoptère à turbine, révolutionnant le monde du vol vertical. Il avait également été le premier pilote de l'Alouette 2, du Super Frelon, ou du Puma. Jean Boulet avait également initié les premiers vols d'hélicoptères en haute montagne pour le sauvetage des alpinistes.
Il s'était acquis une réputation universelle pour ses 17 records internationaux, décrochés entre 1953 et 1972. Jean Boulet avait ainsi battu, le 21 juin 1972, le record d'altitude (12.440 mètres, record toujours invaincu) toutes catégories pour un hélicoptère aux commandes d'un Lama
Article AFP du 17 février 2011 à l’occasion du décès de Jean Boulet le 15 février 2011. Jean Lérault, février 2011.