22 février 2011

Scientifiques et techniciens


HENRI PRONIER
1855-1927

Parmi les personnalités ayant habité ou fréquenté Brunoy ou sa région, on compte peu d'architectes. Henri PRONIER, dans cette profession, laissa  à Brunoy et ses environs nombre de témoignages  de son esprit ouvert à la diversité.
Né en 1855, il fait des études régulières et entre à 18 ans à l'école des Beaux Arts section architecture. Puis, après avoir effectué son service militaire dans l'infanterie, il revient de 1876 à 1880 en première classe d'architecture. A sa sortie il est nommé Architecte de la Préfecture de Police.
Il participe, sous l'égide du célèbre DAVIOUD, à la construction du Trocadéro à Paris en 1883. Il s'est marié en 1882.
C'est en 1891 que l'architecte s'installe à Brunoy, près de la gare. Alors, il s'adonne à un art original, prenant pour chaque construction un style libre où la diversité que permet la mode de la belle époque devient une règle. Pour chacune de ses oeuvres, il s'inspire  librement de formes parfois révolutionnaires, ou empruntées à des traditions étrangères. Il allie souvent divers matériaux pour éviter la monotonie sur une façade, notamment des zones en colombages. Ou bien il installe sur un angle une petite tourelle qui donne un aspect un peu d'imprévu ou de fantaisie.
Rue du Général Leclerc, la villa Rhadamès se rapproche du style de l'ancienne Egypte avec ses colonnes en fleurs de lotus et la distribution des volumes. A Montgeron, il construit l'Ecole Maternelle, et à Brunoy, la maison du joaillier parisien FOSSE, face au pont , rue de Cerçay avec de hauts toits à la française et à l'angle de la rue une sorte de gloriette à colombages. Cette maison fut démolie pour laisser la place aux médiocres bureaux de la Sécurité Sociale, qui vont être remplacés à leur tour.
En plus de ses activités professionnelles, Henri PRONIER était musicien. Il jouait de l'orgue à St Médard chaque dimanche, et même composa quelques oeuvres pour orgue.
Il s'éteignit en 1927 à l'âge de 72 ans.

D'après un texte de M. HERVE. Pour en savoir plus M. HERVE et J. GAUTIER dans LE MONMARTEL N° 22, p. 47-70.


MARIE CURIE
1867-1934

Madame Curie est née en Pologne en 1867 et portait le nom de Slodowska. Elève modèle, très douée, elle termine ses études secondaires en 1883 et devient institutrice privée. Elle est très attirée par les sciences et doit, pour faire des études sérieuses, partir à l'étranger.chez sa soeur Bronia et s'inscrit aux cours de la Sorbonne. Elle poursuit des études brillantes et fait la connaissance d'un étudiant, Pierre Curie, qui suit les mêmes études qu'elle. Ils se marient et travaillent ensemble. Ils découvrent alors la radio-activité, la fluorescence, les Rayons X, la radiologie, la radiographie…Deux filles naissent : Irène et Eve.
Mais en 1906, dans un stupide accident de circulation, Pierre Curie meurt. Marie en conçoit un immense chagrin. C'est alors que de basses attaques venues de collaborateurs envieux et bornés vinrent l'assaillir. Minée par l'indignation et le chagrin, elle tomba malade en 1911. Elle quitte provisoirement ses travaux.
Sa fille Eve Curie nous rapporte : « Traquée par les maux physiques et la vilenie humaine, elle se cache comme une bête aux abois. Sa soeur a loué pour elle au nom de  « Dluska » une maison à Brunoy près de Paris. La malade y reste quelque temps (Sept semaines) puis s'installe incognito à Thonon pour de mornes  semaines de cure » . Françoise Giroud, de son côté dans son livre « Une femme honorable » souligne « La passion des pierres est la seule qu'on lui connaisse en matière propriété. Mais celle-ci est vive. Elle acheta une maison en Bretagne et gardera jusqu'à la fin de sa vie la maison de Brunoy. »
Cette villa va devenir la maison de campagne de la famille Curie, maison de repos pour sa fille Irène, après un séjour forcé en sanatorium, vacances en famille en 1927 et lieu de retrouvailles familiales. A la fin des années trente du siècle dernier, une institutrice de l'école des Ombrages racontait à ses élèves que Marie Curie, lorsqu ‘elle séjournait à Brunoy, venait faire ses courses à pied , dans l'épicerie de la place des Grès. Fatiguée, elle avait l'habitude de s'asseoir, en attendant de retourner chez elle. Où se trouve donc cette maison des Curie si discrète ?
C'est au 4 rue Dupont  Chaumont, une maison modeste qui s'élève derrière  une petite cour ombragée avec un portail étroit, entre deux piliers de brique pointus. C'est là que la célèbre physicienne venait de temps en temps se retremper dans vie simple qu'elle aimait, à deux pas de la forêt, au milieu de la sympathie de ses voisins.


HELMUT VON SBOROWSKI
1905-1966

Né en 1905, Helmut Von Sborowski était le descendant d'une très vieille famille autrichienne connue depuis l'an 999. François Ier d'Autriche anoblit son grand père et François Joseph de Habsbourg donna à sa famille le titre héréditaire de Chevalier.
Von Sborowski était un homme très simple, passionné par son travail. Au moment de l'Anschluss, il dut opter pour la nationalité allemande.. Après avoir participé à des études dans un bureau de la B. M. W. de Munich, il se passionne pour la conception des fusées et pour la propulsion par réaction. C'était un audacieux qui faisait des expérimentations dangereuses, mélangeant des carburants et des comburants très détonants (comme l'alcool et l'acide nitrique) pour alimenter des réacteurs ou les réservoirs des fusées.. C'est lui qui conçut les réacteurs du Messerschmidt 163 B.
Il se marie avec une chimiste réputée, Isolde Otman. En 1942, il reçoit la croix de Chevalier. On peut dire que sa vie fut à peu près parallèle à celle de Von Braun :
En 1945, tout son travail, ses travaux, ses projets volent en fumée à Peenmünde sous les bombardements alliés. Il est arrêté et fait prisonnier par les troupes  occidentales. Si Von Braun a été très vite sollicité par les Américains pour continuer ses travaux aux Etats-Unis, Helmut fut vite récupéré par la France qui lui offrit des facilités pour continuer ses recherches au sein de la « Société d ‘Etudes de la propulsion à réaction ». Puis il fonde son propre bureau d'études, pour la création de prototypes d'avions à réaction ; il se fixe à Boussy St Antoine dans l'ancienne maison du peintre Dunoyer de Segonzac.(1953-1955)
Enfin il vient se fixer à Brunoy au N° 1 de l'avenue d'Orléans où il installe le « Bureau Technique Von Sborowski »
La famille habite là ; les enfants vont à l'Ecole du Chêne.  Mais Helmut décède et la famille quitte Brunoy.


DOCTEUR  MARCEL  FREYSSELINARD

La famille Freysselinard, venant du Limousin, s'installa à Paris en 1910, dans le quartier du Temple. Le père y ouvrit une officine de pharmacie. Les deux enfants firent de brillantes études, Marcel à l école militaire de Saint Cyr, son frère Jean à Polytechnique.
En 1914, Marcel n'a pas terminé ses études à St Cyr. La guerre est là, il s'engage, volontaire pour le front et dès 1915 il est décoré de la Légion d'honneur à titre militaire.
En 1917, il fait la connaissance de Rose, une jeune Russe. En 1919 , il l'épouse malgré la pression conjuguée de l'Armée et de ses parents.
Il commence alors des études de médecine. Il a 23 ans. Pour subsister il fait de la représentation médicale. Ayant obtenu son grade de docteur en médecine, il vient s'installer avec Rose à Brunoy au 5 avenue Portalis .
Le souvenir du Docteur Freysselinard est assez imprimé dans les esprits des anciens Bosseronais pour que je n'insiste pas. Il faut tout de même rappeler qu'il était considéré par ses pairs comme un confrère sérieux et efficace qu'on pouvait consulter dans les cas difficiles. Il était généreux et « oubliait » dans certains cas de demander le prix de sa visite. Mieux, il laissait quand il le jugeait nécessaire, un petit viatique sur un coin de table, pour les médicaments – et ce n'est pas une légende !
A côté de son travail de médecin, Marcel Freysselinard était un passionné du violon qu'il jouait parfaitement, dès qu'il en avait le loisir.
Parfois, le Président de la République Albert Lebrun venait en visite le plus discrètement possible. Jean Freysselinard avait épousé la fille du Président. On se retrouvait en famille, les deux frères réunis.
Albert Lebrun aimait beaucoup cette atmosphère détendue qui régnait à Brunoy chez le docteur Freysselinard, cette convivialité, la présence de ses enfants et petits enfants, la campagne, tout ce qui l'éloignait de la vie officielle et des contraintes de la politique.
Hélas, l'âge venant, en 1986 Rose s'éteignit au début du mois de Juillet, et Marcel qui avait renoncé à une brillante carrière militaire pour vivre avec elle alla la rejoindre dix jours plus tard, le 14 juillet dans le caveau familial.


EMILE KOHN ABREST

Durant la deuxième guerre mondiale (et après), le docteur Kohn Abrest habita la maison qu'avait fait construire le général  Dupont Chaumont et qu'il conserva longtemps après avoir vendu son château de "Chaumont". C'est une maison qui existe encore, très belle, très romantique au N° 1 de l'avenue du Général Leclerc.
Emile Kohn Abrest était un homme sympathique de petite taille avec une chevelure et une barbichette poivre et sel,  des yeux malicieux  et un sourire accueillant. Il avait une grande passion pour son travail et tard dans la nuit, on pouvait voir son petit laboratoire personnel, perché comme un balcon derrière la maison, toutes lumières  allumées .
C'était un toxicologue réputé, souvent appelé comme expert par les tribunaux
. Il fut le collaborateur du Dr Paul, médecin légiste réputé
Il a écrit nombre de communiqués sur ses travaux
- 1915 "Dispositif pour l'essai rapide des substances employées contre les gaz nocifs"
- Analyse  de la poudre d'aluminium
- 1935, avec Joliot Curie : Exposition à la maison de la chimie : Les Eudiomètres -outillage pour les laboratoires
- Principes de génétique.
Enfin son oeuvre principale fut le Précis de Toxicologie en quatre volumes, universellement connu et apprécié dans le monde médical - 2ème édition en 1948.
Il eut à donner son opinions dans plusieurs affaires criminelles retentissantes. Ce furent l'affaire Violette Nozière , l'affaire Stavisky / Prince, et l'affaire de Mme Marie Besnard.
Il avait des préoccupations bien en avance sur son temps. Ainsi fit-il des mesures sur la quantité de gaz carbonique, d'oxyde de carbone et d'anhydride sulfureux dans l'air de Paris , au niveau du sol et dans le haut de la tour Eiffel. C' était un précurseur des écologistes de notre époque. Il était grand ami du Docteur Freysselinard.


JEAN FRANCOIS CHALGRIN
1736 - 1811

Elève de Ledoux et Servandoni, Chalgrin fut titulaire du Grand Prix de Rome -(1758) et résida dans la capitale italienne où il a été imprégné d'architecture classique; et formé par E. Louis Boullée
Il a été l'architecte à qui on a confié la réfection de Saint  Sulpice  (la tour nord)
Il a renouvelé l'antique tradition des basiliques avec St Philippe du Roule. Il a agrandi le Collège de France et participé après la Révolution, aux modifications de l'intérieur de palais du Luxembourg, l'ancienne résidence du Comte de Provence à Paris .
Napoléon Ier en 1806 lui confia de "Concevoir une voûte commémorative aux armées victorieuses de la France". C'est Chalgrin qui a fait les plans, et initié la construction de l'Arc de Triomphe de l'Etoile. Mais il est mort avant la fin des travaux.
.On considère qu'il est une figure exemplaire du Néo-Classisisme.
C'est lui qui créa pour Madame, épouse du futur Louis XVIII,  ce qu'on a appelé la Folie - Madame, un petit palais blanc à rotonde décorée de fleurs sauvages en trompe l'oeil, " de plus en plus un endroit de retraite, vu son mariage délabré"(trad. de l'anglais - Guano de Batte)
Ses créations furent nombreuses en France :l' Hôtel Florentin, la Chapelle du St Esprit ; la reconstruction du théâtre de l'Odéon ; la sacristie de la Cathédrale de Besançon ; et la façade du château de Survilliers.
A Brunoy, il fut l'architecte du Comte de Provence et transforma le Petit- Château que le comte de Provence venait d'acheter à Jean-Baptiste de Pange.(1774) Il fut particulièrement inventif pour refaire le théâtre primitif du château .


JACQUES GERMAIN SOUFFLOT
1713 - 178O

Architecte célèbre, il séjourna à Rome dans les années 1731 à 1738. C'est là qu'il acquit une culture très classique, ayant eu le temps de s'imprégner du caractère des monuments de la Rome antique et d'acquérir une maturité qui lui fit adopter pour ses constructions un style néoclassique .Il devint le leader de ce style.
Il voyagea une autre fois en Italie avec le futur Marigny sur le désir de Mme de Pompadour,  pour faire son éducation artistique.
Il fut l'architecte préféré de Louis XV et de Louis XVI.
Il résida à Lyon de 1751 à 1754 où il construisit l'Hôtel Dieu.
A Paris, il est l'auteur de la Faculté de droit en 1774. De l'Hôtel Marigny en 1768 / 1771. De l'Hôtel de la Marine (place de la Concorde ) en 1775. Enfin son oeuvre la plus connue est l'église Ste Geneviève devenue le Panthéon, ainsi que la place alentour, entre1755 et 1790. Mais il ne vit jamais son oeuvre terminée car il mourut  avant son achèvement .
A Brunoy, il participa à l'érection de l'obélisque que l'on appelle "La Pyramide." On dit souvent qu' elle est l'oeuvre de Chalgrin, qui était à cette époque l'architecte du Comte de Provence. Mais à cette époque; Soufflot était intendant général, et on retrouve sa signature sur le projet,( 17 juin 1779 )  en compagnie des signatures de Nique et de Hazon eux aussi intendants généraux.


LE DOCTEUR ROUFFY

Sur une des places de Draveil, se trouve le buste d'un personnage dont Alphonse Daudet parle dans son livre " Trente ans de Paris".(p 279)
Il raconte les malheurs d'un certain jeune homme nommé Raoul , qu'il nomme JACK dans son roman, de médiocre santé et repoussé par sa mère. A cette occasion il parle d'un certain docteur  RIVALS " un héros, un saint, qui court depuis trente ans les routes familières à Jack et à son romancier. (..)De peur de l 'affliger, de gêner sa grande modestie, je n'ose ici donner son nom que tout un peuple de paysans bénit depuis deux générations - qu'il me pardonne d' avoir dans l'affabulation de mon livre, mêlé à sa noble existence si droite, si ouverte, un drame sinistre tiré d'ailleurs ".
Dans une note en bas de page, l'éditeur précise " Il est mort aujourd'hui ; il s'appelait le Docteur Rouffy. Son buste décore la jolie place verte de Draveil ".
Qu'ajouter à cet hommage d'un homme sensible comme Alphonse Daudet ? Pour résumer, le Docteur Rouffy a été connu et respecté par la population de Draveil et ses environs pour son dévouement jamais en défaut.
En 1870, lorsque Mme Seguin, propriétaire du château de Draveil y créa une ambulance pour les blessés de guerre, ce fut le Docteur Rouffy qui en prit la responsabilité avec une compétence et un esprit de sacrifice inégalés.
Disons aussi que le buste du Docteur Rouffy se trouve au milieu du parc Grager, intégré à une ancienne fontaine qui, en 1885 se trouvait près de l'église et qui fut transférée en 1952.



JEAN BOULET
1920-2011

Né le 16 novembre 1920 à Brunoy (Essonne), polytechnicien et diplômé de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique ("Sup Aéro"), officier de l'armée de l'air, Jean Boulet avait obtenu son brevet de pilote de chasse aux Etats-Unis, selon le site spécialisé helicopassion (www.helicopassion.com). A son retour en France, il se consacre aux essais dans l'industrie et entre, en 1947, à la SNCASE, devenue Sud-Aviation puis Aérospatiale, avant de retourner la même année aux Etats-Unis pour décrocher son brevet de pilote d'hélicoptère.
Les années suivantes, Jean Boulet obtient sa licence de pilote d'essais avions, celle d'ingénieur d'essais en vol, puis de pilote d'essais d'hélicoptères. Le 23 janvier 1953, victime d'une vrille lors d'un vol sur Mistral, il est le premier Français à utiliser, par nécessité, le premier siège éjectable monté sur chasseur à réaction. Il prend ensuite la direction des essais de la division hélicoptère et conservera ce poste vingt-deux ans jusqu'à sa retraite du personnel navigant, en 1975. A ce poste, Jean Boulet a mené à bien avec ses équipes une quinzaine de programmes différents, du prototype à la production en grande série.
Il avait ainsi participé à la mise au point du premier hélicoptère à turbine, révolutionnant le monde du vol vertical. Il avait également été le premier pilote de l'Alouette 2, du Super Frelon, ou du Puma. Jean Boulet avait également initié les premiers vols d'hélicoptères en haute montagne pour le sauvetage des alpinistes. Il s'était acquis une réputation universelle pour ses 17 records internationaux, décrochés entre 1953 et 1972. Jean Boulet avait ainsi battu, le 21 juin 1972, le record d'altitude (12.440 mètres, record toujours invaincu) toutes catégories pour un hélicoptère aux commandes d'un Lama

Article AFP du 17 février 2011 à l’occasion du décès de Jean Boulet le 15 février 2011. Jean Lérault, février 2011.