21/10/2005
Histoire de Brunoy (Essonne)
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LE GENERAL-AMBASSADEUR
ANTOINE DUPONT CHAUMONT
J. Gauchet


Il est né en 1759 dans une famille bourgeoise des Charentes où l’on était procureur, avocat, juge, sénéchal ou même avocat au parlement. On connaît cette lignée depuis 1510. Antoine avait trois frères dont Pierre Dupont de l’Etang qui devint ministre de la guerre sous Louis XVIII.
C’est sous le règne de Louis XVI qu’il s’engage dans l’armée. Il a une carrière fulgurante puisqu’il est déjà lieutenant colonel en 1791 dans l’armée du Nord. A Jemappes, il est blessé et il a un cheval tué sous lui Dumouriez le recommande à la Convention : Recommandation empoisonnée puisque son auteur trahit  la république après la défaite de Nerwinden Antoine devient suspect. Et la Convention le suspend de son grade ainsi que son frère. Ils se retirent à Chabannais, réformés en 1799.
18 Brumaire,  le coup d’état. Neuf jours plus tard Napoléon le convoque  le nomme commandant et c’est à nouveau  l’activité.
Durant trois ans Dupont Chaumont est nommé ambassadeur de France à la cour de Hollande auprès de Louis Bonaparte, en fait pour le surveiller. Les rapports de Dupont Chaumont conservés au Quai d’Orsay sont très intéressants. Son rôle est très difficile. Il doit conseiller Louis qui est entre deux devoirs : rester fidèle à son frère l’Empereur ou défendre les intérêts de son peuple et de sa nouvelle patrie. De retour en France il a une activité d’inspecteur de l’Infanterie(1809) puis est envoyé en Italie. Son frère qui guerroie en Espagne capitule à Baylen et abandonne son armée  aux Espagnols sans combattre. A son retour Napoléon le met en forteresse et Antoine est rayé des cadres ce qui lui évite les campagnes de Russie, d’Allemagne et de France.
Après le départ de l’empereur, Louis XVIII nomme Antoine gouverneur des écoles militaires, l’anoblit. Dupont Chaumont prend sa retraite en 1821.

A Brunoy.

Dès 1799 Antoine a acquis un petit bâtiment situé dans un parc aux Bosserons. Il s’agit de l’ancienne faisanderie du Comte de Provence Il va constituer un très grand domaine autour de ce premier noyau : plus de 77 hectares d’un seul tenant  dont les limites sont à peu près nos voies actuelles : Nationale 6, Rue de la Pyramide, Avenue Dupont Chaumont et route de Corbeil.
L’intérieur du château appelé « Château des Bosserons » était décoré dans le style froid de l’empire avec un mobilier d’acajou allié au marbre. Une vaste bibliothèque témoigne du sérieux des lectures du propriétaire qui ne donnait guère dans le roman ou la poésie. L’inventaire du mobilier nous décèle une accumulation de meubles , fournitures , linge de maison, bibelots assez rare.
Dupont Chaumont siégea régulièrement au conseil municipal et dans ce cadre jura fidélité  au roi, à la charte constitutionnelle et aux lois. Il fut chargé de purger la forêt de Sénart de ses loups et renards qui devenaient trop nombreux.
L’âge venant, il vendit sa propriété des Bosserons et acheta une maison à Chaillot où il se retira. Mais le 16 février 1838 il décède dans sa nouvelle demeure après une carrière bien remplie. Il a servi sous Louis XVI, la Révolution, l’Empire et les rois de la Restauration . Il ne s‘est semble t il pas soucié de qui gouvernait la France; il s’est plutôt préoccupé de bien servir son pays.


GENERAL DEJAN
1765 - 1848

C’était l’un de ces nombreux généraux de l’armée de Napoléon qui firent la gloire de l’Empire.
Il ne naquit pas à Brunoy, mais il vint y passer toute sa retraite dans une propriété située juste entre la rue Talma et la rue des Cerfs, l’ancienne maison de Mme Vialane.
D’origine modeste, il naît dans l’Aude en 1765 .Dès 1791 il s’engage au 1er bataillon des Volontaires de l’Aude. En 1792 il est déjà capitaine. En 1793 il est chef de bataillon, puis chef de brigade, une ascension fulgurante due à ses qualités d’extrême bravoure bien qu’il n’ait fait aucune école militaire.
Après la campagne d’Espagne,(prise de Figuière),il est nommé en Italie (La Bormina, Castiglione, Rovero) puis au Tyrol avec Joubert . A  l’expédition d’Orient, Napoléon lui a confié la garde de l’Ile de Malte.
C’est ensuite la campagne des Grisons, de l’Angadine, la prise d’Innsbrück. Il récolte tellement de coups et blessures qu’on le nomme commandant d’armes à Cologne puis à Marseille.
Outre sa bravoure reconnue par tous, il était aussi estimé pour sa stricte honnêteté intellectuelle ; il détestait les passe-droit.
Lorsque Napoléon abdiqua, il fit une liste des destinataires de dons divers pour ses meilleurs serviteurs. Jean Antoine Dejan y figure pour une pension de 50000 francs mais il n’en vit jamais la couleur ! Louis XVIII ayant examiné ses états de service lui attribua le Cordon de St Louis. Cela n’empêcha pas le général de reprendre du service, durant les cent jours,  fidèle à Napoléon . Il reçut le commandement de la place de Lille.
Dejan ne s’était jamais marié. Il avait soutenu régulièrement son frère et surtout sa nièce Honorine « comme sa propre fille ».L’époux de celle-ci, dans une lettre adressée au général écrit ceci : « Nous n’avons jamais eu de la vie à nous plaindre de rien que vous eussiez fait.. Toujours nous vous avons pris pour notre père et nous vous regardons comme tel. »
Seul dans sa grande maison de Brunoy, trop grande pour lui, il vécut une retraite de plus en plus douloureuse, payant très cher ses longues campagnes militaires par d’atroces maux de tête et des douleurs rhumatismales. Il avait des relations d’amitié avec la veuve du général Agnel qui passait les beaux jours à Brunoy, dans la maison blanche de la rue du Réveillon (devenue « La résidence ») : une amitié respectueuse. Il lui envoyait des lettres où , dans un style imprévu pour un ancien militaire de carrière, phrases parfaitement construites grande révérence et beaucoup de réserve. « Mon maudit mal de tête m’a repris, mes nuits sont cruelles de souffrances » et plus loin : « Il faut savoir les supporter puisque c’est la destinée de mon grand âge et de la vieillesse ».
En 1848, il avait atteint 83 ans, il mourut et fut enterré au nouveau cimetière de Brunoy. Malgré la décision du conseil municipal d’entretenir sa tombe « pour le remercier d’avoir  honoré  Brunoy en la choisissant pour passer sa retraite », sa tombe a disparu.


GENERAL  JEAN FRANCOIS  BERRYER
1741 - 1804

Il naquit à LYON , fils de Louis Berryer  "tireur d'or" et de Jeanne Brochet.
Il s'engage à 13 ans  en 1751 et s'embarque sur la "Glissonnière" pour le siège de  Minorque. Durant la guerre de sept ans il fait les campagnes d' Allemagne de 1757 à 1762. Il reçoit une grave blessure en 1758 et est fait prisonnier en 1759
Revenu en France, il quitte l'armée durant dix-huit mois, puis on le retrouve cornette chez les dragons dans les "Volontaires de Soubise".
Chevalier de St-Louis en 1779, il est fait capitaine en second en 1779, puis major des troupes à cheval du 2ème régiment de chasseurs, et enfin lieutenant colonel.
- Il est témoin et acteur durant diverses périodes de l'histoire en ces temps troublés
- Procès de Louis XVI : C'est entre Santerre et Berryer que Louis XVI pénètre dans la salle du Jugement.
- Le 21 janvier 1793, exécution de Louis XVI. C'est Berryer qui fait battre le tambour pour couvrir la Voix du roi qui proclamait son innocence.
- La Vendée : Il est envoyé à Niort comme commandant des "Côtes de La  Rochelle". Après la défaite de Cholet il est rappelé à Paris, accusé par le  tribunal,  aussitôt lavé de tout soupçon, mais tout de même suspendu !(1799).
- Le 13 Vendémiaire : Il reçoit de la Convention le commandement des "1500 Sans culottes de 1789" chargés de combattre la révolte royaliste.
- Le 14, les zones rebelles sont occupées par Berryer
- Le 17, Berryer déclare à l'assemblée  sa  confiance dans la Convention
- Il est embrassé par le président de l'assemblée
Après les troubles de la Révolution il est nommé Colonel, puis général, puis maréchal de camp(camps de Paris et de Meaux),puis Général en chef des camps de Paris et de l'armée de l'intérieur
En 1793 il est inspecteur général de la cavalerie et dans un rapport à l'assemblée, il souligne que la cavalerie française est médiocre.
Le 18 Brumaire, il soutient Bonaparte et reçoit de lui un sabre d'honneur.
Enfin il est nommé Gouverneur de l'hôtel des Invalides.
Chevalier de la Légion d'honneur après 51 années de service, il meurt en 1804, inhumé dans la chapelle St Louis des Invalides et inscrit plus tard sur la face ouest de l'arc de triomphe de l'Etoile.
Berryer et Brunoy.
C'était au temps où le général Berryer était général en chef des camps de Paris. Il y avait afflux de soldats dans la région parisienne et il fallait les loger, les coucher. Il manquait beaucoup de matériel notamment de couchage. Il apprit qu' à Brunoy, dans le château du comte de Provence il y avait profusion de matelas. Il fit savoir à la municipalité de la ville qu'elle devait lui fournir ces matelas.
Le 27 septembre 1792, acte du "Conseil général de la commune de Brunoy :
"Sont délégués les citoyens Garette, Delaunay, Bailly et Croutelle auprès de la Convention nationale. Objet : Demander l'autorisation de faire lever les scellés du château de Brunoy où il se trouve quatre cents à cinq cents matelas, afin de donner satisfaction au  général Berryer qui les demande pour le camp de Paris." (Histoire des Girondins  de Lamartine  1848)