16/02/2004Histoire de Brunoy (Essonne)
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LE COMTE DE PROVENCE - LOUIS XVIII
J. Gauchet![]()
Né en 1755, petit fils de Louis XV, le comte de Provence eut toute sa vie le désir passionnel de devenir roi de France.
Son frère Louis XVI régna de droit à la mort de Louis XV jusqu’à son exécution durant la révolution française.(21 Janvier 1793)
Durant la période pré-révolutionnaire, Monsieur passait son temps à la cour, à la chasse (très souvent), au théâtre dont il était très amateur, en actions politiques plus ou moins occultes où son rôle du point de vue moral n’était pas trop reluisant.(libelles polémiques, fausses nouvelles, cabales petits articles fielleux) bref ce n’était pas un personnage fréquentable, mené comme il l’était par sa passion du pouvoir et sa jalousie envers son frère, sa haine pour Marie Antoinette.
Il était intelligent, avait une mémoire étonnante, et avait un certain succès dans la conversation, mais il n’était pas aimé.
Il s’est installé à Brunoy en 1774 après avoir acheté la propriété des Monmartel au « Marquis de Brunoy ». Il achète la même année à la famille de Pange, le « Petit Château » et ses jardins. ;Joignant les deux domaines, il préfère le petit château qu’il fait transformer avec goût, y ajoutant un luxueux théâtre et tout ce qui est nécessaire au bon déroulement des représentations (logement des artistes, loges,décors .)
Les travaux sont menés assez vite pour que bientôt, de grandes fêtes soient données auxquelles le couple royal est invité ainsi que de nombreux courtisans. Un luxe inouï présidait à ces fêtes somptueuses. L’intendant de Brunoy, Cromot du Bourg y mettait tout son art de l’organisation. Ces grandes fêtes alternaient avec de grandes chasses en forêt de Sénart ou de Rougeau. Pour repeupler les « tirés »il fit construire deux faisanderies l’une aux Bosserons, l’autre à Soisy sous Etiolles dans un coin de la forêt.
Il n’ habitait pas toujours Brunoy. Ce n’était que sa propriété de campagne . Sa résidence principale était le Palais du Luxembourg qui actuellement est le siège du Sénat, avec les jardins étendus que l’on connaît
La Révolution Française s’annonce. Monsieur semble faire bonne mine aux Révolutionnaires et leur donne quelques gages d’amitié, mais c’est pour mieux les tromper. Il organise sa fuite en exil. Il est très bien reçu à l’étranger Près de lui se pressent un certain nombre de courtisans. Mais un désaccord avec le tzar de Russie qui le chasse du château qu’il occupait le met sur les routes de la Prusse Orientale sous la neige, où il apprend ce que c’est que la misère.
1815 Napoléon est chassé du trône et le comte de Provence maintenant roi de France, revient « dans les fourgons de l’ennemi » suivant l’expression consacrée. Il reconstitue une cour ultra royaliste et commet de grossières erreurs dans le gouvernement. en tentant de rétablir la royauté telle qu’elle était avant 1789.et la religion catholique obligatoire. Mais les cent jours le rappellent à la réalité. Revenu sur le trône, il change d’attitude envers les Ultras avides de pensions, de grades et d’honneurs. Il ne cherche plus à régner en monarque absolu. La charte qu’il a octroyée aux Français est somme toute assez libérale. Il ne rétablit pas la royauté de droit divin , prend ses distances avec l’église . il règle les finances de la France, obtient une grande diminution des dettes de guerre et d’occupation des armées étrangères et arrive à faire partir les troupes d’occupation dès septembre 1818.
Lui qui a toujours cherché à obtenir de l’argent de son frère Louis XVI, ne s‘est pas oublié et sa cassette personnelle reçoit environ 8 % du revenu national. Mais il s’est assagi et l’âge lui amène toute une cohorte de maladies douloureuses et très gênantes. Il devient complètement impotent et ne quitte plus son fauteuil. Il garde alors une dignité, fait preuve d’un tel courage que même de ses ennemis d’autrefois nous sont parvenus des témoignages d’une sorte de grandeur. Son plus grand souci était de laisser la France aux mains de son frère le comte d’Artois, chef des Ultras dont il prévoyait qu’ avec l’esprit borné qu’il lui connaissait il gouvernerait la France sans nuances en roi absolu, alors que les esprits depuis 1789 avaient évolué. Il voyait clair puisque Charles X ne régna que six ans enlevé à son trône par la révolution de 1830
Le roi LOUIS XVIII mourut dignement aux Tuileries en 1824.