12/11/2002
LA
GUERRE DE 1870
J. Gauchet
La région fut
occupée en octobre 1870. Le 5 de ce mois, de Moltke donne ses ordres
: « La 22ème division marchera sur Montlhéry par Villeneuve
St Georges.. »Le prince royal de Prusse occupe la rive droite de
la Seine (Valenton puis Boissy et Ormesson. Le gros matériel de
siège, destiné à Paris arrivait de l’est à
Villeneuve St Georges Il traversait sans doute la forêt de Sénart
par notre Nationale 6 passant par la Pyramide de Brunoy. Il était
entreposé sur les quais de la Seine et passait le fleuve par un
pont de bateaux. Les troupes qui arrivaient se massaient dans la plaine
de Vigneux , attendant le moment de passer sur la rive gauche. On construisit
un deuxième pont de bateaux pour hâter le mouvement.
C’est le 15 octobre que
Brunoy fut occupé et Epinay le 17. La présence des Allemands
à Brunoy fut pesante et prolongée. Le château des Ombrages
, tout neuf, servit de poste de commandement pour la région sud
; une aile du bâtiment servit d’infirmerie ou d’hôpital auxiliaire.
Un tableau de la Nationale galerie de Berlin , exposé deux fois
à Paris et intitulé « L’Etape avant Paris »,
œuvre du peintre Werner, nous décrit l’attitude des occupants
« Officiers et soldats
occupent un luxueux salon de style rocaille. Une jeune ordonnance
allume un feu crépitant dans la cheminée, avec des pommes
de pin et des branches dont une grande quantité jonche le précieux
tapis ; un sous officier de hulans chante un air allemand tandis que son
camarade l’ accompagne au piano. Les attitudes des soldats rustauds aux
allures bravaches, leurs lourdes bottes crottées, sont en complet
contraste avec le raffinement de l’ameublement. Les vainqueurs se comportent
un peu comme des vandales. A droite à l’entrée, la bonne,
avec laquelle un officier paraît vouloir plaisanter, est accompagnée
de sa fille qui a du mal à cacher sa crainte. »Cette peinture
est honnête ; elle raconte la désinvolture des soldats prussiens
occupant une résidence privée ‘(…)Le peintre allemand en
véritable reporter avant la lettre semble impartial ; il nous montre
la grossièreté de ces soldats crottés dans un salon
à la décoration si soignée « Des éperons
aux casques, tout est correct et réglementaire . Dans ses grandes
pages contemporaines, Werner enregistre les évènements avec
les soucis d’un historiographe rigoureux ».
Dès le début,
le couvre-feu fut fixé à 9 heures. Les Prussiens se montrent
volontiers hautains et impitoyables. Un sous officier gifla le curé
Muret parce qu’il ne l’avait pas salué le premier. La maison de
Robert Dubois (aujourd’hui le Musée) fut occupée par les
Allemands. On sauva une belle pendule dorée en la dissimulant à
la cave sous un tas de charbon.
L’hiver fut très
rude et à Villeneuve, on dut plusieurs fois rabattre les ponts de
bateaux à cause des glaçons que charriait la Seine
Au cimetière de Brunoy
existe une tombe commune signalée par une plaque qui dit «
Ici reposent 52 soldats allemands inhumés au cours des années
1870-1871 ». Certains de ces soldats ont dû mourir dans le
petit hôpital de campagne du château des Ombrages.
Les troupes allemandes quittèrent
Brunoy en août et septembre 1871. Ils ne laissèrent pas un
bon souvenir !