21/10/2005
 

Divers




CLARA  TOUSSAINT
1825-1899

Clara Toussaint est une de ces personnes modestes chez qui  prime avant tout le devoir. Ce fut une des premières résistantes de Brie Comte Robert puisqu’elle agit pendant l’occupation prussienne de 1871.
Elle était receveuse des Postes et Télégraphes au bureau de Brie-Comte-Robert.
L’occupant prussien avait décidé de surveiller toute l’administration civile de la France, et particulièrement les communications. Beaucoup de fonctionnaires s’étaient mis en congé :R.C. PLANCKE nous dit à ce sujet, avec humour : « Les hommes se cachaient courageusement afin de faire don dès la fin des hostilités, de leur précieuse et indispensable personne ».
Seule, la postière Clara Toussaint, avec l’aide du facteur BULOT et du volontaire briard MAMES décida d’assumer la communication envers et contre tous.
Combien de fois la petite poste fut-elle fouillée ; combien de fois les Prussiens arrogants et soupçonneux vinrent perquisitionner  dans le bureau de postes, mais aussi dans l’appartement de la receveuse ! Rien ils ne trouvaient rien, pas la moindre petite lettre clandestine.
Et pourtant ils savaient qu’un service actif faisait passer lettres et télégrammes. Elle fut dénoncée par la fille de salle du café « La belle jardinière ». Alors, ce fut plus sérieux ; ils mirent le bureau dans un beau désordre, et s’en prirent à la personne même de Clara, allant jusqu’à déchirer ses vêtements, sa chemise, sans rien trouver sur elle, et pourtant des lettres compromettantes étaient cousues à son corsage. Elle reçut des coups à la figure par un soudard et en perdit l’usage d’un œil et de l’oreille droite.
Mais elle ne céda pas pour autant à la violence. Elle attendit la fin de l’occupation pour prendre sa retraite. Fut-elle félicitée par les officiels ? nullement ! Elle était la mauvaise conscience de ceux qui avaient disparu durant la présence ennemie.
Elle décéda, vingt ans plus tard à l’âge de 75 ans.
En l’an 1900, la Société d’Histoire et d’Archéologie, réparant l’indifférence des officiels  apposa sur la façade de la poste de Brie,  sur la place des Bergeries une plaque de marbre qui rappelle la conscience professionnelle et le patriotisme de CLARA TOUSSAINT et de ses amis.

Pour en savoir plus :R.C. PLANCKE :LE MONMARTEL N°11 Pp35/37



JOSEPHA  DOMINGUA  GUTIERREZ  DE  ESTRADA
1838 - 1924

Madame Gutierrez de Estrada, née Josepha Domingua Balcarce, dite Pepa, a bien mérité de la ville de Brunoy  où elle a déployé toute la générosité et la richesse de cœur dont elle était capable. Elle a créé une fondation destinée à recueillir les personnes âgées dans le besoin.
C’était la petite fille du général José de San Martin, le glorieux libérateur de l’Argentine, du Chili, et du Pérou. Elle est née à Evry Grand-Bourg, chez son grand père qui s’était retiré en France, préférant l’exil volontaire aux attaques injustifiées d’une faction politico-militaire qui le considérait comme un danger pour le pays et surtout pour leurs petites affaires personnelles.
Pépa grandit avec sa sœur aînée Marie Mercédès à Evry, puis à Boulogne sur mer  où ses parents avaient suivi le vieux militaire en 1848.Ce dernier mourut en 1850 et la famille revint à Paris où le père, Mariano Balcarce travaillait à l’ambassade d’Argentine. Il acheta le château du comte de Provence à Brunoy (le Petit Château). Au cours des ans, la famille s ‘éteignit : d’abord mourut sa sœur (1860) puis sa mère (1875) et enfin son père (1885) qui avait fait venir les cendres du général à Brunoy dans le caveau de famille puis avait facilité leur transfert à Buenos Aires.
Pépa s’était mariée à un diplomate mexicain, Gutierrez de Estrada. Ils héritèrent du château de Brunoy qu’ils occupaient l’été. Le diplomate mexicain mourut en 1904 et son épouse s’installa définitivement à Brunoy.
Le couple avait décidé de créer aux Bosserons ce qu’on a appelé la Fondation Balcarce-Gutierrez de Estrada et Pepa, pleine d’énergie poursuivit la tâche commencée. Dans le cadre de sa fondation, elle dévoila ses trésors de bonté, ses grandes qualités de cœur. Très fortunée, elle consacra son temps et son argent au service des humbles, payant l’accès à l’hôpital pour les malades, délivrant chaque semaine des pot-au-feu aux familles nécessiteuses et accueillant les isolés, les vieillards, dans sa fondation de la rue des Peupliers. Il y avait tout autour, de grands jardins qui fournissaient en abondance des fruits et des légumes.
Lorsque la guerre de 1914-1918 éclata, Madame Gutierrez offrit à l’ armée les locaux de sa fondation pour en faire un hôpital auxiliaire. Ce fut un hôpital modèle, car elle y installa une salle d’opérations des plus modernes qui en fit le Centre Chirurgical N°89, très précieux. Pepa refusa même d’évacuer son établissement lorsque les Allemands approchèrent un peu près de Paris ( deuxième bataille de la Marne).
Après la guerre , elle reprit son œuvre généreuse  et, en 1924, sa tâche accomplie, elle s’éteignit très simplement. Elle avait reçu des mains des militaires, la croix de la Légion d’Honneur
C’ était l’hommage de l’Armée. La Place Madeleine aux Bosserons a été rebaptisée « Place Gutierrez de Estrada » Ce fut l’hommage de la population de Brunoy, surtout de celle des Bosserons.
Son souvenir a persisté dans certaines familles des Bosserons car elle savait toujours se placer au niveau des plus humbles.


NICOLAS  SAUVAGE

Il s’agit d’un « bandit » au petit pied, serviteur d’un autre brigand qui sévissait dans les environs de Brunoy, le fameux «Poulailler ».
Nicolas Sauvage est né vers 1747 en pays de Saône et a pour épouse une « payse » Claudine Masselot. Ils se retrouvent à Yerres, car la mère de Claudine est mariée à un jardinier de cette ville, Charles Bernardi. Après avoir tenu une petite auberge  à la Chapelle St Denis durant quelques années  le couple  se fixe  à Yerres. Mais Nicolas, convaincu de quelques vols, est mis en prison jusqu’en 1773. Il retourne un temps en Franche-Comté pour se faire oublier. Il revient à Yerres et se place dans différentes fermes comme berger. Il est employé à Brunoy dans celle qui se trouve dans notre rue du Réveillon, face au musée. Très instable dans son travail, il est successivement manouvrier à Suresnes pour les vendanges, boucher à Villeneuve St Georges. Le couple s’installe à Brunoy rue des Carrouges dans une maison au fond d’un jardin. Claudine Masselot est lingère au château de Brunoy et Nicolas aide-palefrenier au Gouvernement.
Nicolas Sauvage fait la connaissance d’un être peu recommandable, le fameux « Poulailler » de son vrai nom Jean Chevalier à Yerres en 1773. Ce personnage avait pour couverture le métier de savetier, mais il avait la détestable habitude, aidé de quelques comparses, de « visiter »  des maisons pendant l’absence de leurs propriétaires. Il y dérobait tout à loisir ce qui pouvait se revendre facilement. Objets d’art, linge et vêtements, armes, ou encore des chevaux. Il s’était abouché avec un certain nombre de palefreniers peu regardants sur l’origine des bêtes qu’on leur fournissait.
Les Sauvage reçoivent souvent  les Forquin dont le mari est un ex-palefrenier du régisseur Cromot. Lorsque Poulailler avait besoin d’un complice pour effectuer un cambriolage, il s’adressait à Nicolas qui n’hésitait pas, gardant les chevaux ou la voiture, faisant le guet, portant les paquets. Il était si impliqué dans cette vie parallèle qu’il avait réservé une des pièces de sa maison de la rue des Carrouges pour entasser les objets ramassés durant les expéditions  de rapines. Les chevaux étaient confiés à Forquin. En 1785, de nombreux larcins  furent le centre de la conversation dans toute la vallée de l’Yerres : Vol d’argenterie à Servon, vol avec effraction à Villiers, vol de linge à Brie-Comte- Robert, un cabriolet de linge à Boissy St Léger, un fusil à deux coups à Corbeil, du linge et de la volaille à Quincy.
L’enquête, rondement menée par la Maréchaussée et par  le Prévot de Corbeil eut vite fait de démasquer le sieur Poulailler qui se croyait bien à l’abri à Corbeil, et son valet  Nicolas Sauvage accusé de complicité. Ils sont arrêtés. Le 30 juin 1786, l’arrêt du Parlement tombe sur la tête de Poulailler : il est condamné, bien qu’il n’ait jamais versé le sang, à être pendu porte de St Antoine. Ce qui fut exécuté. Quant à Nicolas Sauvage et sa femme Claudine, plus quelques comparses, ils furent condamnés à « l’amende habituelle » et relâchés au paiement de leur dette.

Pour en savoir plus : lire Bulletin de la société d’Histoire de Brie-Comte-Robert N° 13 (Robert Dubois-Corneau) 1936.


FERNAND de PORTALIS

Dans les années 1860, le château des Bosserons, celui du comte Dupont Chaumont, était la propriété du baron Fernand de Portalis.
Ce personnage était le petit neveu de Jean Etienne Portalis né au Beausset (Var), la 1er avril 1745, universellement connu : Il négocia le Concordat et participa activement à l’élaboration du Code civil (1804) ministre des cultes en 1804, membre de l’Académie Française, « Un gaillard qui était capable de tenir tête à Napoléon Ier sur un point de droit ou de justice et de payer le prix de sa rigueur par la disgrâce. »
Fernand Portalis était le petit fils de Marie-Marguerite Portalis (1764-1826),sœur de Jean-Etienne. A la mort de ce dernier,(1807),  le titre de baron fut recueilli par  Jean-Marie Portalis des Luquets, l’époux de Marie-Marguerite, et se transmit jusqu’à son petit fils Fernand Portalis.
En 1866, ce dernier fit don à la commune de Brunoy d’une allée qui traversait le Bois Guérin. Elle reliait le haut de la rue Talma au nord, avec la rue Dupont Chaumont, juste en face du château. Afin de pouvoir lotir le Bois Guérin un groupe de riches bourgeois de Brunoy, Messieurs Portalis, Drouin, Gervaise, fit transformer cette allée en une belle avenue bien empierrée et bordée de beaux tilleuls. On put donc morceler les terres du Bois Guérin.
La commune accepta le don du Baron et donna à cette avenue le nom du généreux donateur. Ce dernier se réserva la belle grille qui fermait autrefois l’allée du côté du nord ainsi que les piliers de pierre. Dans la publicité pour la vente des lots, on ne manquait pas d ’affirmer que l’avenue était « la plus large et la plus ombragée des voies de Brunoy » (1869).
Afin de donner à cette voie un certain style, il fut institué une servitude : chaque lot devait obligatoirement être clos sur l’avenue par un « mur-bahut » surmonté d’une grille. Cette servitude semble avoir été respectée jusqu’à nos jours.



CROMOT DU BOURG
1725 - 1786

Lorsque le comte de Provence acheta le domaine de Brunoy au marquis de Monmartel, il installa dans une grande bâtisse qui devait devenir la maison de Talma, un gouverneur du nom de Cromot.
C’était un bon choix. Le sieur Cromot était un organisateur très capable. Le domaine princier fut l’objet de transformations considérables. Les jardins furent remodelés, et le « Petit Château »
 luxueusement rénové avec un théâtre somptueux. Cromot s’occupait de tout et le comte de Provence lui laissait carte blanche. L’intendant devait prévoir les fêtes qui se déroulaient à Brunoy : le théâtre, les acteurs, les décors ; il dirigeait la cohorte des jardiniers et les nombreux serviteurs .C’était l’homme indispensable. Il allait souvent au-delà des vœux de son maître.
Les Cromot étaient d’origine bourguignone. Jules David Cromot du Bourg, un homme intelligent était très redoutable. Il était fort craint car il avait des sautes d’humeur imprévisibles. D’un caractère hautain devant ses égaux ou les inférieurs, il était souple et même obséquieux devant les puissants qui l’employaient
Il était né en 1725 et de noblesse récente. Très ambitieux, il poursuivait de sa haine ceux qui pouvaient gêner son ascension. Robert Dubois, considérant le portrait de Cromot, le décrit ainsi « Son visage est celui d’un ancien roué de la cour du Régent et toutes les passions qui l’agitent semblent y avoir imprimé leurs stigmates ; « La cupidité, le libertinage, la dureté des sentiments et la froide ironie s’y reflètent tour à tour. ». C’était un ennemi juré de Necker qui lui portait ombrage et fermait l’accession au poste de Contrôleur général auquel il aspirait. Il cumulait pourtant les deux charges de surintendant et de gouverneur de Brunoy. Il cumulait aussi les prébendes qui y étaient attachés. Il faisait argent de tout. Il organisa en 1776 des fêtes somptueuses en l’honneur du roi et de Marie Antoinette. Ce fut le couronnement de sa carrière.
C’est à lui que Brunoy doit la Pyramide et la construction du pont Peronnet, pont de pierre remplaçant un pont de bois qui avait brûlé.
Atteint d’un cancer dès 1774, il poursuivit cependant sa tâche à Brunoy. Le 6 octobre 1787, il mourut à 62 ans, laissant sa place de gouverneur à son fils Cromot de Fougy.Il fut enterré  dans le nouveau cimetière qui se trouvait sur notre place de l’Arrivée, dans un caveau très luxueux.
Il n’a guère laissé de bons souvenirs parmi les Brunoyens mais il a bien fait ce qu’il avait à faire.



MADAME DE BALBI
1753 - 1832





La marquise de Caumont  la Force était la gouvernante des enfants du Comte d’Artois.. Elle eut deux  filles :
Louise Joséphine qui fut mariée à Edouard de MESNARD
Anne qui épousa le comte de BALBI (Il possédait non loin de Brunoy le domaine du Vaudoy à Brie Comte Robert. )
Leur père fut garde du corps du roi Louis XV, et premier gentilhomme de la chambre du comte de Provence.
Madame de Balbi avait un esprit pétillant et un physique agréable. Dans une réunion, elle excellait à retenir l’attention de tous et la gaîté par son goût du persiflage et ses réparties joyeuses mais parfois impitoyables ce qui lui valut d’abord quelques inimitiés mais au cours des ans, dans la société,  un jugement de plus en plus sévère sinon quelques haines solides. C’était une intrigante, à l’aise dans la cour de Louis XVI. Elle décida de se rapprocher du comte de Provence, et pour cela, elle s’arrangea pour être admise comme dame d’atours de Marie-Josèphe de Savoie l’épouse de Monsieur.
Ce dernier, lassé par sa femme qui avait manifesté quelques faiblesses pour une de ses suivantes (Mme de Gourbillon), décide , pour répondre à cet affront, de prendre une maîtresse , et choisit la plus étincelante, Mme de Balbi.(On dirait une chronique à scandales, mais c’est malheureusement la vérité historique)
Il installe donc cette sémillante personne dans un appartement du Petit Luxembourg
Il est aux petits soins pour elle. Il obtient du roi son frère  pour son amie, un appartement  au premier étage du château de Versailles. Elle dispose aussi d’un pavillon rue de Satory à Versailles où les deux amis se retrouvent et passent des soirées ensemble.
Mme de Balbi n’est pas d’une fidélité à toute épreuve, et son mari l’apprend. Il regimbe un peu trop au gré de tous et il est mis hors d’état de nuire à la protégée du comte de Provence. Par un jugement du parlement de Paris, il est taxé de « Folie douce » et il est interné à Senlis jusqu’à son décès en 1835 (à l’âge de 85 ans).
Provence fait construire à Versailles un jardin par son architecte Chalgrin, en 1785. C’est ce qu’on appelle « Le Parc Balbi. ». Il s’agit d’un jardin tel qu’on le concevait au XVIIIe siècle, du genre des parcs anglo-chinois à la mode, avec une structure complètement retracée, comprenant lacs , grottes, fausses ruines, rivière artificielle, comme on en trouve un modèle à Méréville. Provence l’offre en cadeau à Mme de Balbi.
Ce parc malgré beaucoup de vicissitudes durant la révolution et après, a été déclaré monument historique en 1926.
Provence eut le coup de foudre pour Brunoy. Il   fit transformer le  « Petit Château »et réorganiser  les magnifiques jardins de Monmartel, plus ou moins abandonnées par son fils le Marquis de Brunoy .. Il y emmena la comtesse lorsqu’il venait se délasser à la campagne, loin de la cour. Elle y avait un appartement réservé..
Mais arrive la Révolution de 1789, et par suite, l’émigration. On a dit que c’est Mme de Balbi qui organisa la fuite du comte de Provence. Quoi qu’il en soit, Monsieur devait la retrouver à Mons en Belgique, d’où ils partirent pour Coblence. De là, Madame repartit pour Turin, accompagnée de sa dame d’atours. Mais celle-ci , regrettant l’atmosphère de Coblence quitte Turin . Elle et sa sœur sont fêtées par les émigrés et sacrées « Reines de Coblence ». Un certain temps, la vie dans cette cité allemande fut brillante et pouvait toute proportions gardées,  rappeler par son ambiance la cour de Versailles. Mais les subsides devenaient plus rares et les vicissitudes de l’émigration firent que Provence dut se séparer de la comtesse Anne. Son parcours de prince l’obligea à affronter les régions inhospitalières de Mitau (dont il fut chassé plus tard par le Tsar. )
Provence apprend , incidemment que Mme de Balbi a mis au monde deux fillettes, alors qu’ils étaient séparés depuis longtemps. Il lui signifia son congé définitif.
Les affaires tournent mal pour la maison royale et Mme de Balbi passe en Angleterre. Elle y reste jusqu’en 1802 date où elle est rayée de la liste des émigrés. Elle rentre en France et essaye de rassembler ce qui reste des anciens domaines de son mari. Elle eut un retour humble, ce qui n’allait pas avec son tempérament. Mais elle n’était plus soutenue par les grands de la cour . Comme tous les gens à l’esprit trop caustique, elle était haïe par ceux qu’elle avait épinglés par des réparties assassines (mais si spirituelles !) On n’oubliait pas! Ce qu’elle avait conservé malgré les voyages et la situation inconfortable d’émigrée, c’est l’amour du jeu où elle engloutit des fortunes ! Elle se retira à Brie Comte Robert et à Tournan, puis, elle rejoignit son frère à Montauban. Elle décéda en 1832, trois ans avant son mari !



LA MARQUISE DE POMPADOUR
1721 - 1764

Née en 1721, elle était la fille de François  Poisson, fidèle employé de Pâris de Monmartel et de Le Normant de Tournehem.
La petite Jeanne Poisson reçut une bonne éducation, surveillée par son parrain Paris de Monmartel dont on a dit qu'il était son père.
Le Normant de Tournehem la maria à son fils Le Normant d'Etiolles, dont elle se sépara bien vite. Elle devint "Madame d'Etiolles"
Elle résida souvent dans le château de ce petit village au sud de Paris.
Elle fut ce personnage " vêtu de robes légères et vaporeuses , bleu lavande sur un phaéton rose, ou roses sur un phaéton bleu lavande" qui apparaissait ou disparaissait dans les allées de la forêt lorsque Louis XV chassait en Sénart, pour attirer l'attention du roi.
Elle fut familière du château de Brunoy, propriété de son parrain et protecteur, J.P.de Monmartel.
Après de nombreuses manœuvres et provocations, elle devint la maîtresse de Louis XV.
En 1745, au début de la campagne de Flandres, elle va résider à Etiolles. Elle y reçoit une lettre de Voltaire :" Ce n'est pas comme un vieux galant que je vous parle, c'est comme un bon citoyen et je vous demande la permission de venir vous dire un petit mot à Etiolles ou à Brunoy, ce mois de mars. Elle le reçut à Etiolles.
Durant cette campagne où Louis XV était  aux armées, le roi lui écrivit un grand nombre de lettres (quatre-vingt dit-on),
Elles parvenaient au château de Brunoy chez Pâris de Monmartel ;bien cachetées et portaient comme signes distinctifs la mention "Discret et fidèle" et "Plus amoureux que jamais"
Au retour du roi en septembre, elle quitta Etiolles "dans un carrosse à six chevaux".
Maîtresse du roi, elle fut toute sa vie protégée par Monmartel, financier du roi. et par Le Normant de Tournehem,, devenu "directeur des Bâtiments", dont les goûts artistiques étaient développés et qui réforma l'Académie royale de Peinture.
Louis XV la comblait de cadeaux et elle posséda ensemble ou tout à tour, les châteaux ou résidences d'Etiolles, Bellevue Crécy en Penthièvre, le marquisat de Pompadour, St Ouen, Ménars , Auvilliers et le palais de l'Elysée.
Elle avait un certain goût pour les livres et créa une grande bibliothèque à Etiolles dont elle eut soin  toute sa vie . Elle comportait des romans,  des livres d'histoire, des œuvres dramatiques et des recueils de belles lettres, le tout relié de la meilleure façon . Cette bibliothèque fut vendue aux enchères à la mort de la marquise.
Madame de Pompadour déborda gravement de son rôle de maîtresse du roi où elle aurait dû rester. Elle participa à la ruine de l'état par ses dépenses somptueuses, par ses fêtes renouvelées. Mais, entraînée par la souplesse des ministres de Louis XV qui n'osaient pas la contredire, par les flatteries des courtisans, elle infléchit la politique de la France d'une manière qui ne fut pas heureuse, .se mêlant du choix des officiers durant la guerre, du choix des ministres…
Louis XV lui conserva son amitié jusqu'à sa mort, tout en ayant à cette époque nombre d'aventures  avec de jeunes personnes qui espéraient prendre une place qui allait être vacante …
La marquise de Pompadour mourut en 1764

Pour en savoir plus : Evelyne Lever Madame de Pompadour (Perrin  2000)



MADAME DE STAEL

C'est un personnage difficile à cerner, ô combien ! Fille de Necker, le grand banquier suisse qui tenta de rétablir les finances du royaume de France sous Louis XVI, elle eut dès son tout jeune âge une éducation extrêmement poussée, d'autant plus qu'elle était très douée.
Sa mère tenait à Paris un salon célèbre où accouraient tout ce que la philosophie, la science et la politique produisaient à cette époque de personnages à l'esprit bouillonnant, fertile et libéral.
Germaine se maria avec un Suédois, le baron Eric de Stael après des tractations où les titres et l'argent avaient plus de place que les sentiments. Louis XVI et  Marie Antoinette intervinrent en faveur du marié qui devint ambassadeur de Suède à Paris. Il avait accumulé de nombreuses dettes, et la dot importante de sa femme lui fut fort utile pour les éponger.
Le mariage ne fut pas une réussite et bientôt chacun des deux époux reprit sa liberté de sentiments tout en ménageant les apparences.
La révolution arriva et, sous la Convention, Germaine de Stael,  profitant de son immunité diplomatique, put sauver divers de ses amis, anciens Constituants. Un jeu dangereux ! Elle dut quitter la France et s'installa en Suisse où en divers lieux - Coppet, Mezery - elle regroupa des exilés. Si Mme de Stael occupe une place si grande dans l'histoire de la littérature, c'est qu'elle avait un art certain de l'écriture, un esprit vif, éclairé, des opinions politiques raisonnées C'était une intuitive.
Elle voyagea beaucoup en Europe et entretint avec de nombreux correspondants, de fréquentes  relations épistolaires. Ces lettres ont été recueillies et publiées dans des livres qui sont des documents précieux sur le siècle des révolutions
Elle écrivit de nombreuses œuvres dont les principales sont :
-Corrine ou l'Italie
-De l'Allemagne
-Lettres sur les écrits et le caractère de J.J. Rousseau
Qui montrent son esprit pénétrant.
Fervente amie de la liberté, elle fut en butte à la haine de Napoléon Ier qui n'admettait pas qu'une femme paraisse trop intelligente et en plus, soit opposée à l'empire.
Sa vie sentimentale occupe une grande part de ses pensées. Elle fut tiraillée entre plusieurs amants dont le principaux furent Narbonne, ex ministre de Louis XVI, Ribbing , et Benjamin Constant.
Mais en quoi Mme de Stael occupe-t-elle une place parmi les personnages ayant un rapport avec la vallée de L'Yerres ?  - C'est qu'elle s'amouracha d'une façon extravagante et romanesque du comte Ribbing Frédérickson, l'un des conjurés impliqués dans l'assassinat de Gustave III de Suède. Condamné à l'exil, il se replia un moment en Suisse. C'est là qu'ils se connurent. Ce fut pour elle un grand amour -  du moins s'en persuada-t-elle - au point qu'on a publié les " Lettres à Ribbing "  qu'elle lui écrivit. C'est que Ribbing était rétif à cet amour envahissant. Cela dura deux ans (1793-1794) où le jeune Suédois joua à cache-cache avec elle ! peu enclin à subir  une correspondance aussi abondante.. Il faut dire qu'en amour, Mme de Stael  était plus que déconcertante. Elle n'avait pas rompu avec son amant Narbonne, qu'elle entamait une idylle avec Ribbing. et en l'absence de Ribbing, elle se laissait déjà conquérir par Benjamin Constant !
Elle écrivait à chacun des lettres qui étaient un combat permanent, bouillonnant, où apparaissait le désir de protection, de domination, d'exclusivité de la personne aimée. Elle exigeait de chacun une lettre par jour ! Elle désire la soumission de l'homme aimé, qu'elle a remarqué. Et si elle lui demande la fidélité, nous rappellerons qu'elle est écartelée entre le souvenir de Narbonne , la fuite de Ribbing, et l'espoir de conquérir Benjamin Constant. C'était chez elle une confusion de sentiments qui laisse à penser qu'elle était si exigeante, qu'elle cherchait auprès de ces trois hommes, les qualités qu'elle ne pouvait trouver chez un seul.
Ribbing  acheta à Brunoy, le 17 mars 1800; la propriété dite "Le Gouvernement" où logeait autrefois l'intendant de Brunoy, Cromot du Bourg. Il resta quatre ans à partager sa vie entre Paris et Brunoy.
Il vendit sa maison à son voisin et ami , le tragédien Talma et sa femme Caroline Vanhove et partit vivre à Quincy sous Sénart, dans une aimable propriété dite "Le petit Quincy" au bord de l' Yerres. C'est là  qu'il se maria; avec Claude Billard, en 1805, Il quitta Quincy en 1810.
Quant à Mme de Stael, elle mourut à Paris en 1817 après avoir tenté d'intéresser quelques hommes comme François de Pange qui restait froid devant ses avances.
Mais Mme de Stael n'en est pas moins l'un des fleurons de la littérature de son époque.

Pour en savoir plus : LETTRES A RIBBING (N R F Gallimard  1960)